Cela va au-delà d’un coup d’éclat. Le projet de loi sur la réconciliation nationale non seulement fait l’objet d’une polémique et de débats, mais aussi exerce des pressions dans la vie politique et institutionnelle.
L’ARP a toute latitude pour auditionner la présidente de l’IVD, depuis que le projet de loi sur la réconciliation économique a été transmis par le Conseil des ministres à l’ARP, a indiqué le directeur de la communication de l’Instance Vérité et Dignité, Anouar Moalla.
Il poursuit : “ Nous nous trouvons dans une logique d’Etat de droit selon laquelle nous respectons l’initiative de la Présidence de la République, d’avoir proposé ce projet, ce qu’on appelle dans le monde politique les initiatives des lois. Nous nous attendions à ce que notre point de vue soit écouté en amont au moment où ce projet de loi était en gestation, mais voilà les événements ont pris une autre tournure.”
Et d’ajouter : “ Nous sommes heureux que le pouvoir législatif contrairement au pouvoir exécutif ait demandé notre avis sur le projet de loi sur la réconciliation nationale. Pour moi, c’est quelque chose de louable et nous nous félicitons pour cette démarche qui est normale venant des commissions spécialisées d’entendre toutes les parties pour leur permettre de s’exprimer sur n’importe quel projet de loi, entre autres celui-ci. Nous répondrons positivement à toute invitation quelle qu’elle soit, audition ou autres… ”
Un projet de loi qui épargnerait les fonctionnaires et les hommes d’affaires corrompus, mais qu’en est-il pour les personnes qui ont torturé des prisonniers politiques ? Un point de vue du président du Centre international pour la justice transitionnelle David Tolbert qui ne s’est pas attardé d’évoquer la question sur la réconciliation nationale, que ce soit en Tunisie ou ailleurs.
David Tolbert a fait savoir, dans une publication sur le site du ICTJ, que dans plusieurs pays, « la corruption massive et les violentes violations des droits humains se renforcent mutuellement, et à moins que ce lien ne soit exposé et torpillé, il risque fort bien de conduire à une impunité croissante. Telle est la leçon que la Tunisie doit tirer de l’héritage de la dictature brutale et corrompue de Marcos aux Philippines, qui a tué, torturé et poussé à la disparition forcée environ 10.000 victimes. Il en est de même pour la dictature de Duvalier en Haïti, et de Fujimori au Pérou. Tous étaient responsables de violations massives des droits de l’homme et tous se sont engagés dans la corruption à grande échelle. »
Pour lui, « la Tunisie s’engage à débattre ce projet de loi controversé. Le monde se demande avec anxiété si l’esprit de transparence et cette exigence populaire de demander des comptes déclenchée pendant la révolution vont survivre, ou peut-être céder au pouvoir de l’argent mal acquis, conduisant à une spirale de la répression, à davantage de corruption et une violence effrénée », a-t-il conclu.
Un mauvais accord vaut mieux qu’un bon jugement.