Mais qu’est-ce qui a poussé Ryad à prendre la tête d’une coalition pour s’attaquer au Yémen ?
Riyad, affirme notre confrère Le Point, est littéralement obsédé par le danger iranien. La signature de l’accord sur le nucléaire n’a fait qu’aggraver les choses et a semé les germes du doute sur la fiabilité du grand allié américain. Le roi Salman a donc estimé qu’il n’était pas possible de laisser les Iraniens manœuvrer à leur guise dans le Yémen voisin, arrière-cour et ventre mou du royaume.
Les Saoudiens ont donc pris la tête d’une coalition sunnite de pays du Golfe et rassemblé des troupes pour reconquérir le Yémen. Déjà Aden, au sud, a été reprise, ainsi que cinq provinces du pays. Reste le Nord et Sanaa. Ce sera plus dur. La campagne ne s’annonce pas comme une partie de plaisir.
Les Saoudiens, selon l’analyse de l’hebdomadaire Le Point, redoutent une contagion du chaos dans leurs propres régions chiites où se trouve une grande partie des gisements pétroliers.
Depuis le soulèvement de 1979, les chiites saoudiens (10 % de la population) sont plutôt calmes.
Mais outre les chiites, c’est surtout l’Iran qui hante les nuits des dirigeants saoudiens. L’Iran, c’est 80 millions d’habitants, une histoire multi-millénaire, des capacités militaires sérieuses, des réserves d’hydrocarbures considérables et un réservoir de matière grise qui ne demande qu’à s’épanouir pour peu que le régime desserre son étreinte. En face, malgré leur richesse, les rentiers Saoudiens (29 millions d’habitants mais une population active à 80 % étrangère) se sentent bien vulnérables. D’où leur réaction de bête blessée au Yémen.