« Nous assistons aux mêmes pratiques de torture depuis 2003 – année de la création de l’association– jusqu’à maintenant. Ce qui a changé uniquement c’est l’intensité de la torture avec la disparition d’une certaine méthode de torture violente », indique le secrétaire général de l’Organisation contre la torture en Tunisie, Mondher Cherni à leconomistemaghrebin.com
Notre interlocuteur a indiqué que parfois, l’organisation est choquée de constater des « violations sauvages sans précédent ». Répondant à une question relative au rapport de l’organisation avec le ministère de l’Intérieur, Cherni a affirmé que l’organisation envoie des lettres quotidiennement au ministère de l’Intérieur et à la Direction générale des prisons concernant des cas de torture et de mort suspectes :« Dans certains cas, le ministère répond par un démenti. Quand il s’agit des médias, le ministère de l’Intérieur soit il garde le silence soit il dément».
Pour Mondher Cherni, la torture en Tunisie se nourrit de l’impunité et des déclarations officielles qui démentent son existence : « Même dans les cas où les auteurs de la torture passent devant la justice, ils passent pour actes de violence et non pas de torture, ce qui veut dire que la peine demeure minime et l’auteur de la torture regagne son poste plus tard ».
En 2015, l’association a reçu plus de 100 dossiers portant sur des morts suspectes et/ou torture. D’après la même source, depuis le 14 janvier 2011, l’association a reçu plus de 450 dossiers portant sur la torture et les morts suspectes « uniquement 4% de ces dossiers sont passés devant la justice. Pour le reste, ils sont encore au stade de l’interrogation ou de l’investigation primaire », affirme-t-il.
Notons que dans un communiqué rendu public, aujourd’hui 21 septembre, l’Organisation contre la torture en Tunisie a signalé deux cas de morts suspectes.
Il est à noter que lors d’une visite effectuée à la Prison civile d’Al Mornaguia, aujourd’hui, le 21 septembre, le ministre de la Justice Mohamed Salah Ben Aïssa a déclaré aux médias que la torture n’est pas systématique en Tunisie et que c’est un phénomène qui existe bel et bien dans les prisons tunisiennes et que des procès ont été intentés dans ce sens-là.