Le Président de la République Béji Caied Essebsi était l’invité du journaliste Borhane Bsseies sur la chaîne Nessma tv. Au cours de cette interview, il a évoqué certains sujets brûlants, comme l’alliance avec le mouvement Ennahdha, le dossier libyen.
A propos du parti Nidaa Tounes, Béji Caied Essebsi, le père fondateur du parti, a déclaré : “ Nidaa tounes n’est plus mon parti, depuis que j’ai pris les rênes en tant que Président de la République, j’ai donné ma démission”.
Par ailleurs, BCE a rappelé que compte tenu de l’état d’urgence, » il est évident que nous le respections, du moment que nous parlons de démocratie, nous parlons d’un Etat de droit. De plus, les menaces terroristes existent, rappelez-vous des attaques terroristes au Bardo et à Sousse”.
Et d’ajouter : “ Nous continuons notre lutte contre le terrorisme, je le redis encore une fois, il s’agit d’un terrorisme international, qui n’est pas le nôtre, d’ailleurs la Tunisie n’a jamais eu une culture de lutte contre le terrorisme. Ce qui s’est passé à Sousse, nous continuons à enquêter dessus avec la collaboration des autorités britanniques, pas seulement avec elles, mais aussi avec les Etats Unis”.
Il poursuit : “ Pour nous, notre coopération avec les Etats Unis remonte bien avant l’indépendance, et il a rappelé ce qui s’est passé quand Israël nous a attaqués quand pour la première fois dans l’histoire, les USA n’ont pas utilisé le droit de veto”.
Le dossier libyen
BCE est catégorique : “ Nous n’interviendrons pas sur ce dossier. Il faut que les Libyens discutent entre eux, et qu’ils ne laissent aucune intervention étrangère s’immiscer, parce que tout simplement ceux qui veulent intervenir ont en revanche un agenda caché. Si c’est le cas, cela sera néfaste pour la Libye, car elle risque de voir son territoire divisé. N’oublions pas que le pays est entouré par des pays minés par des conflits internes comme le Niger, le Mali. De plus, l’organisation terroriste Daech n’est plus à Derna, mais à Syrte. C’est pour cela qu’il faudrait être plus que vigilant et renforcer nos frontières. Nous constatons malheureusement que des armes continuent à entrer en Tunisie, des terroristes s’entraînent dans des camps en Libye avec l’intention de traverser les frontières pour arriver en Tunisie. »
L’évaluation du gouvernement Essid et de sa personne
« Ce n’est pas moi qui ai choisi Habib Essid, c’est le parti Nidaa Tounes qui l’a suggéré. Cela dit, je pense qu’ils ont fait le bon choix, car Habib Essid est un politicien, un technocrate, et c’est l’homme de la situation. Quant aux autres qui prédisent l’échec de ce gouvernement, ils se trompent, et ceux qui parlent d’un éventuel remaniement ministériel, c’est à lui d’en décider quand cela sera nécessaire, ce qui n’est pas le cas car ce que le gouvernement a réalisé aujourd’hui dans un laps de temps réduit, prouve qu’on est sur la bonne voie.« , a-t-il précisé.
L’alliance avec Ennahdha
“ On ne parle pas d’une alliance avec Ennahdha, mais d’une cohabitation. Nous sommes pareils, chose qui n’était pas à l’époque, où on entendait sous la Troïka ( la femme est complémentaire de l’Homme) tout ceci n’a pas lieu d’être, nous avons adopté une Constitution, un état civil, c’est ce qu’on appelle la civilisation. La Tunisie existe depuis 3000 ans, et je le redis tout le monde a le droit de participer, et ceci ne peut se faire qu’à travers un consensus. Le fait qu’ Ennahdha fasse partie de la coalition est pour moi la meilleure des solutions, même si nous avions eu des réticences l’un pour l’autre, voire des oppositions à cette coalition. Ennahdha est un parti comme les autres, je le dis haut et fort : Ennahdha n’a pas un avenir si elle n’est pas patriotique comme elle l’est en ce moment.
Ce que je dirais, on ne gouverne pas avec les états d’âme, on gouverne avec la tête; le monde change, le monde bouge, et nous nous devons d’être prêts aux attentes du 21 ème siècle ».
Le Printemps arabe
Il n’y a pas un printemps arabe, il y avait un début du printemps tunisien et qui pourrait l’être pour les autres pays qui ont connu des soulèvements. J’espère qu’on pourra effectivement dire que nous avons réussi notre printemps arabe, la généralisation de l’enseignement, la liberté de la femme, mais ce qui nous manque ce sont les moyens, en termes d’économie et de développement, assène-t-il.
Quand je me suis adressé, lors de mon discours à l’Occident, je leur avais dit clairement :“ Vous avez la phobie de l’islam, et là je vous prouverai le contraire, que l’islam et la démocratie peuvent se marier ensemble ».
Vers la fin, il a conclu : “ J’ajouterais, en conclusion, je n’aurai aucun héritier, mises à part les autres générations, je travaille pour les générations à venir, notre pays doit être à la hauteur des attentes du 21 ème siècle pour que la Tunisie soit un pays développé et non pas en voie de développement”.