35% des femmes interrogées dans le cadre d’un sondage effectué par le bureau d’études Elka consulting, pour l’Institut national démocratique ( NDI ), estiment que l’Etat ne traite pas convenablement les dossiers relatifs à la violence contre les femmes. Dans le cadre du même sondage, la moitié des interrogées plaident pour la parité dans les conseils régionaux.
Réagissant à ces chiffres, l’avocate et la présidente de l’Union nationale libre de la femme tunisienne, Radhia Jribi, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, a indiqué qu’elle est sûre et certaine que le nombre des femmes tunisiennes qui adoptent cette prise de position dépasse de loin le pourcentage présenté par cette étude, à savoir 35%. « Je suis avocate et présidente de l’Union nationale libre de la femme tunisienne, et je sais combien les femmes galèrent pour déposer une plainte contre leurs agresseurs », dit-elle. Et de continuer : « Les plaintes relatives à la violence contre les femmes ne sont pas toujours prises au sérieux, que ce soit au niveau du ministère public que dans les postes de police », affirme-t-elle.
Expliquant ce point de vue, Radhia Jribi a indiqué que cette attitude « est due au fait que l’enquêteur sait pertinemment qu’en cas de réconciliation la plainte devient nulle et non avenue. C’est pourquoi, il ne prend pas les choses au sérieux et essaie de lui proposer de retirer la plainte », dit-elle.
Pour Radhia Jribi, le nombre d’affaires inscrites dans les tribunaux concernant la violence contre les femmes est vraiment inférieur au nombre des plaintes de violence contre les femmes et qui restent sans suite. Dans ce contexte, Mme Jribi a indiqué que dans les postes de police, il n’existe pas de policiers formés à ce genre de situation et qu’il n’existe pas d’assistance psychologique, pas assez de centre d’hébergement pour les femmes qui subissent une telle violence. Tous ces paramètres donnent à penser que l’Etat ne fait pas assez pour les femmes violentées : « Je suis sûre et certaine que si on faisait mieux, ce sondage serait confronté à un pourcentage plus élevé que 35% ». Et d’insister : « Je suis sûre et certaine que si le sondage s’adresse aux femmes qui ont déposé une plainte dans les postes de police et qu’on leur pose des questions sur la satisfaction par rapport aux procédures, la déception des femmes interrogées sera dévoilée ».
Par ailleurs, notre interlocutrice a signalé dans le même contexte que plusieurs femmes ne déposent pas de plainte, même quand il y a récidive.
En ce qui concerne la parité dans les conseils régionaux, la présidente de l’Union nationale libre de la femme tunisienne a déclaré que les femmes tunisiennes veulent que la parité soit appliquée conformément aux articles de la Constitution tunisienne : « Les femmes gèrent la famille, l’économie et leur travail. Pourquoi ne gèrent-elles pas les affaires régionales dans le cadre des municipales ».