Les débats sur les chaînes de télévision révèlent un lancement prématuré de la campagne électorale, dans le cadre de la préparation des congrès. Très explicite au sein de Nidaa Tounes, l’affrontement entre des membres de son état-major relativise les problèmes du jour et occulte les attentes des citoyens. Certains dirigeants révèlent leurs ambitions, tout en rappelant qu’ils ont déjà posé leurs candidatures à la charge de chef de gouvernement. Mais les fondateurs du parti ont préféré donner le pouvoir à une personnalité indépendante. Ces dirigeants se placent d’ailleurs dans la prochaine étape de la succession. La base est volontiers ignorée, ainsi d’ailleurs que les acteurs qui la rappellent. D’ailleurs, les états-majors des partis parviennent à marginaliser les politiciens insoumis, qu’ils considèrent comme frondeurs.
La formation gouvernementale a intégré des dirigeants politiques de la coalition, assurant une coexistence avec des membres choisis au sein de la société civile. Mais les ministres issus des partis se comportent-ils comme les représentants de leurs partis? Leurs adhérents en doutent et les considèrent souvent comme les premiers fonctionnaires de leur administration. Critique d’un observateur qui signale le processus d’évolution du « parti-Etat« , pré-révolution, au gouvernement quasi indépendant des partis, post-élection. D’autres analystes estiment que les partis au pouvoir deviennent des bastions avancés des administrations. Fait d’évidence, l’entrée au gouvernement de personnalités connues pour leurs compétences ou ayant fait leurs preuves, aurait vraisemblablement consolidé le gouvernement.
En tout cas, la distance entre les promesses des partis et les politiques du gouvernement qui en émanent suscitent des levées de boucliers. Prenons la juste mesure de la dichotomie entre les dirigeants et l’électorat, qui serait susceptible de favoriser le non engagement politique, l’abstention et la remise en cause de l’habilitation citoyenne, fruit de la « révolution » tunisienne.
L’angle d’attaque privilégié par les états-majors des partis concerne la relance de la machine politique, en vue des élections. En fait, la reconquête de l’opinion, la persuasion et la dissuasion constituent les préalables de l’action politique. Comment lutter contre une marginalisation du citoyen ? D’autre part, les effets des concessions du parti Nidaa Tounes, au parti Ennahdha se font déjà sentir. De l’autre côté, des partisans d’Ennahdha critiquent la collaboration de leur parti avec Nidaa. Par contre, les partis outsiders ( CPR, Ettakattol ) affirment leur opposition. D’autre part, le Front Populaire fait valoir ses revendications sociales, confortées par son idéologie. Ce qui atteste une conjoncture d’attente.