« Fini la priorité donnée au Maghreb pour cause d’arabité mythique, comme du temps du président Taya. Nous renouons enfin avec notre histoire et notre géographie, qui nous positionnent comme un trait d’union entre le Nord et le Sud du Sahara, entre les Blancs et les Noirs », a diagnostiqué un fin connaisseur de la classe politique mauritanienne.
En effet, écrit l’hebdomadaire Jeune Afrique, le président Ould Abdelaziz semble mettre le cap au sud : les relations avec le Maroc sont glaciales et celles avec l’Algérie, qui étaient relativement bonnes depuis cinq ans, se sont dégradées de façon surprenante ces derniers mois, comme on l’a vu avec l’expulsion du chargé d’affaires algérien, en avril, sous prétexte de déclarations à la presse mauritanienne où ce dernier rappelait que le Maroc est le grand pourvoyeur régional de haschich.
Le chef de l’Etat reste discret sur les motivations de ce changement de cap stratégique. S’agit-il de soustraire la Mauritanie à l’ « impérialisme » de ses deux voisins du Nord et de la déception que suscite la paralysie de l’Union du Maghreb Arabe ( UMA ), ou la conviction qu’il sera plus facile à Nouakchott de parler d’égal à égal et de commercer avec les pays de l’Afrique subsaharienne, moins puissants, moins riches et plus demandeurs?
Une politique des petits pas, ajoute Jeune Afrique, a ainsi insensiblement rapproché la Mauritanie de ses voisins du Sud et de l’Est. Depuis 2007, on a vu réapparaître ses représentants aux réunions de la Cedeao, qu’elle avait quittée en 1999. Une nouvelle avancée a été notée en août 2014 avec la signature d’un « protocole d’entente ouvrant des négociations pour un accord d’association » entre la Cedeao et la Mauritanie.