Peu importe le métier que l’on exerce, traiter tous les hommes et les femmes de manière équitable au travail, c’est l’un des principes de l’autonomisation, c’est aussi promouvoir l’éducation, la formation et le développement professionnel des femmes. Tel était le débat engagé autour du Thème : “L’autonomisation des femmes en Tunisie, nouvelle dynamique”, durant lequel plusieurs sujets ont été abordés, comme les nouvelles technologies sur lesquelles les discussions ont été lancées hier dans la seconde partie du panel. Rencontrée à cette occasion, la CEO Business&Decision MEA, Neila Benzina, fait le point de l’état des lieux des nouvelles technologies en Tunisie. Interview:
leconomistemaghrebin.com : Quand on parle des nouvelles technologies, on parle aussi des moyens d’entreprendre et qui ouvrent une opportunité pour les femmes tunisiennes. Comment ce secteur innovant est-il perçu?
Neila Benzina : Dans les nouvelles technologies, on voit des ingénieurs hommes et femmes qui sont diplômés ingénieurs. Et donc c’est une opportunité pour la Tunisie, et pour les femmes tunisiennes de pouvoir entreprendre dans des secteurs d’innovation, et pour pouvoir aussi accéder à des postes de responsabilité. Et avec les nouvelles technologies , il existe la possibilité pour les femmes de travailler à distance, de pouvoir avoir plus de souplesse, de flexibilité dans la façon avec laquelle elles gèrent leur travail et le temps. Comment elles allient leur vie professionnelle à leur vie personnelle? Il en va de même avec l’inclusion des femmes rurales où des femmes dans les régions défavorisées qui pourront aussi entreprendre en ayant besoin de moins de capitaux propres, mais aussi en pouvant, grâce aux nouvelles technologies, avoir accès à des marchés auxquels il aurait été difficile d’accéder autrement.
Quel est le positionnement de ce secteur innovant sur le marché actuel ?
La Tunisie se trouve dans un positionnement particulier dans la mesure où on a des compétences, un potentiel existant, des profils qui sont formés aux nouvelles technologies et qui sont des ingénieurs capables de monter très vite en compétence. Nous avons un Conseil national stratégique du numérique qui a été mis en place et qui rassemble tous les ministères et allie aussi des membres du secteur privé, des membres du secteur public, de la société civile et ce pour pouvoir remettre le numérique au centre des problématiques et qu’il faudrait redynamiser.
L’administration tunisienne, ce qu’on entend par là la bureaucratie tunisienne, suivra-t-elle ce même processus d’être up-to-date, quand on parle du zéro papier ?
Dans le cadre du Conseil national stratégique dont je vous ai parlé, le zéro papier fait partie des priorités, c’est la partie egouvernement, la gestion de la relation avec les citoyens à travers un portail qui leur permet d’accéder à des services. Ce sont des actions qui sont en train d’être discutées et qui seront mises en place rapidement j’espère. Les projets ont été bien définis sur le plan stratégique, il existe même une commission pour pouvoir les déployer. De plus, nous sommes confiants en notre capacité à les faire mais aujourd’hui il faut qu’on aille jusqu’au bout, il y a une conduite de changement à opérer.
Mais pour les fonctionnaires qui travaillent depuis longtemps et qui ne se familiarisent pas avec les nouvelles technologies, que se passera-t-il pour eux ?
C’est ce qu’on appelle la conduite du changement dans ce type de projet, qui est indispensable et nécessaire et qui comprend plusieurs phases : la phase d’exploration, la phase d’application, de sensibilisation. C’est la raison pour laquelle il est important de leur expliquer pourquoi c’est nécessaire, ça a été fait dans d’autres administrations dans d’autres pays. Je ne vois pas pourquoi en Tunisie on n’y arriverait pas. Il faut vraiment y croire et se donner les moyens et être persévérant pour y arriver.
Quels sont les projets qui ont été débattus ? Et les plans d’action ?
Aujourd’hui parmi les projets phares il y a le projet du e-government avec le zéro papier, la partie CNAM assurance maladie via la numérisation qui est en cours de discussion, et les supports culturels qui sont aussi en cours de discussion.
Il y avait deux témoignages touchant des femmes de Sejnane et comme on l’a entendu combien il leur était difficile de subvenir à leurs besoins et qui malheureusement galèrent dans la vie de tous les jours, non seulement, mais aussi ces associations qui profitent en quelque sorte de leur naïveté, n’y a-t- il pas un moyen de les rendre autonomes, afin qu’elles puissent gagner leur vie tout simplement ?
Les femmes dans les zones rurales vont effectivement pouvoir bénéficier des nouvelles technologies grâce à cette stratégie numérique qui sera mise en place puisque on va améliorer l’infrastructure, on va former des gens, il y a aussi le projet e- éducation pour les générations à venir pour leur inculquer un état d’esprit, une culture dans leur façon de travailler. Ces femmes là dont vous parlez on va pouvoir aller vers elles plus facilement grâce au numérique, elles vont pouvoir exposer leurs produits sans avoir à se déplacer, la formation on a parlé tout à l’heure des femmes de Sejnane. Une femme de Sejnane a dit qu’aujourd’hui s’il lui arrive quoique ce soit, elle ne peut pas former d’autres et grâce au numérique on peut mettre en place une plateforme avec des vidéos pour garantir un transfert de compétence. Le numérique doit être au centre des problématiques pour désenclaver les régions défavorisées et aider ces femmes là et ce que j’ai entendu m’a vraiment beaucoup touché et je compte m’investir là dedans.
Quelle est votre devise dans la vie ? En tant que femme et aussi en tant que chef d’entreprise ?
En tant que femme ne cherchez surtout pas à ressembler aux hommes si vous voulez réussir. Telle a été toujours ma devise “Reste toi-même”, n’essaie pas d’être plus dure plus sévère, il faut être soi-même et être femme et ce sont nos qualités de femmes qui nous font réussir, il ne faut pas l’oublier. Et là je vois plein de femmes qui se transforment en “mec” pour diriger et pour imposer une autorité et moi je suis persuadée qu’en étant femme et en gardant nos qualités de femmes on arrive à mieux faire avancer les gens, à créer de l’énergie et j’ajouterais que le leadership n’a pas besoin d’autorité pour se mettre en place, au contraire il a besoin de rassembler.
En tant que chef d’entreprise, moi je suis dans l’inclusif participatif et ça c’est ma devise : encourager les gens à s’appuyer sur les ressources humaines quel que soit le métier qu’on fait y compris quand on travaille dans les nouvelles technologies. Ce sont des hommes et des femmes qui font la réussite de nos entreprises. En conclusion, je dirais qu’il faut miser sur le capital humain sur la formation.
Quelle est la personnalité qui vous a inspirée le plus ?
Il y a beaucoup de femmes qui m’ont inspirée, celles de mon entourage ma mère, ma grand-mère, Tawhida Ben Cheikh, qui a été la première femme médecin sur le continent africain, celle qui a créé le planning familial en Tunisie. Ce sont des femmes qui m’ont inspirée pour continuer à me battre. Dans la vie professionnelle, j’ai eu quand même un mentor avec qui je travaille avec un groupe français : c’est une personne qui m’a servi de modèle après les grandes figures telles que le leader Habib Bourguiba, des femmes célèbres comme Merkel ou Christine Lagarde.