Quand allons-nous nous défaire de notre torpeur, nous réveiller de notre somnolence et oser regarder la réalité en face ? Rien, hélas, pour le moment, ne laisse entrevoir le moindre rebond. L’économie, le pays lui-même, n’arrêtent pas de chuter sans que l’on prenne conscience de la gravité de la situation. Comment stopper cette descente aux enfers sans un véritable sursaut national, sans une mobilisation collective de tous les instants, sans nous convaincre de cet incontournable principe de réalité : on a ce que l’on mérite et on récolte ce que l’on sème.
Avis aux partenaires sociaux, qui ne doivent en aucun cas et en aucune manière, transgresser cette sacro-sainte loi qu’on ne peut distribuer que ce que l’on produit et que sans une économie saine et prospère, il ne peut y avoir d’économie de partage. C’est à désespérer de notre mépris des règles et des lois qui régissent l’économie, les rapports de production et le mode de répartition de la valeur ajoutée qui part aujourd’hui en lambeaux. A croire, qu’à force de nous « accommoder » d’une forme aiguë d’autisme et de cécité, nous finirons par sombrer dans le déclin et dans une forme indescriptible de chaos social et au final… politique. Voilà pour le principe. Venons-en aux faits.
A commencer par l’état de déliquescence et de détresse de l’économie. La croissance atone, quasi inexistante, sera plus proche de zéro que de 1%. La décroissance enregistrée au cours des deux premiers trimestres plonge l’économie en récession, aux dires mêmes du gouverneur de la BCT, quand il nous fallait impérativement allumer tous les feux de la croissance pour stopper, ou au mieux, inverser la courbe du chômage, chargée de tous les périls. L’inflation ne faiblit pas, alors que paradoxalement, elle semble sans effet sur les dépenses de consommation des ménages, atteints d’une incurable boulimie.
Consé- quence : l’épargne nationale fond comme neige au soleil, le déséquilibre commercial explose sous le poids des importations et le recul des exportations, accentuant ainsi un endettement tout aussi excessif et peu soutenable dans les mois à venir. Faut-il aller plus loin dans l’évocation de fondamentaux largement abîmés par près de 4 années d’incurie politique et de gouvernance économique approximative et peu éclairée ? Il n’est jamais bon de se laisser aller à ce genre de chronique d’un désastre économique annoncé. Mais on l’aura compris, l’ensemble des clignotants économiques et sociaux sont pour nous source d’inquiétude : notre potentiel productif est entamé et notre capacité de réagir s’estompe au fil du temps.
Nous sommes, d’une certaine manière, victimes du syndrome de la grenouille qu’on a plongée dans un récipient rempli d’eau et placé sur un réchaud avant d’allumer le feu. A mesure que s’élevait la température, elle en éprouvait un réel confort. Elle a pris conscience de la gravité du danger quand l’eau commença à bouillir. Elle ne pouvait dès lors s’y soustraire, ses organes fortement ramollis ne répondaient plus. Que dire, sinon qu’elle est morte de plaisir.
Il en va des peuples, aussi ancrés dans l’Histoire soient-ils, comme de notre grenouille. S’ils ne voient pas venir très tôt, avant qu’ils n’apparaissent au grand jour, les signaux de danger, s’ils n’anticipent pas et ne réagissent pas à temps avant qu’il ne soit trop tard, ils pourraient connaître le tragique destin du batracien qui a payé de sa vie sa désinvolture, son insouciance, sa non-perception des premiers signes du danger.
Trop d’attitudes et de comportements troublants nous font craindre le pire. On sait dans quel état de délabrement de l’économie le gouvernement Essid, issu des élections du 24 novembre, a succédé à son prédécesseur. Cela n’a pas empêché les syndicats de durcir le ton et les exigences de leurs revendications salariales, au point de prendre le risque de provoquer la paralysie de l’économie et de l’Etat lui-même.
Les syndicats de l’enseignement – tout un symbole – n’en avaient cure. Un seul slogan ! Tout et tout de suite. Une seule arme de combat, un passage en force, ça passe ou ça casse. Cette attitude – pourtant payante – n’a pas grandi le syndicat aux yeux des Tunisiens. Au point que la majorité silencieuse a rompu son silence : les uns s’indignaient de cette prise en otage du pays, d’autres dénonçaient le diktat syndical. Mais ces propos ne résistent pas à la tentation du farniente et du plaisir des vacances estivales que tout un chacun ou presque revendique.
L’idée que demain il n’y ait rien à partager, à moins d’inverser le cours des choses, qui s’en souciait, surtout à l’approche de l’été ? Les vacances se déclinent chez nous de début juillet à fin août, sinon début septembre. Deux mois faussement assimilés à des vacances estivales, plongeant le secteur productif dans une sorte d’hibernation. Avec le mois de Ramadan qui a débordé en partie sur le mois de juin, la note est encore plus lourde et plus salée, d’autant que les fêtes de l’Aïd El-Fitr portent les dépenses des ménages au-delà de ce qu’un grand nombre d’entre eux pouvait se permettre.
L’endettement des ménages explose, sans que l’on sache comment, ni par quels moyens il peut être résorbé. Et ce ne sont pas les frais de la rentrée scolaire qui vont le détendre ou desserrer la contrainte financière. Surtout que cette année, celle-ci coïncide avec la célébration de l’Aïd El-Idha. Plus d’un million de moutons – autant dire la plus grande partie de notre cheptel – est sacrifié sur l’autel du rite religieux. Il en coûte aux familles et au pays autant que les frais de scolarité et les achats de fournitures scolaires dont une bonne partie des enfants de ce pays en est exclue.
Et l’on s’étonne qu’à l’issue de cette hémorragie ovine qui, à vrai dire, contribue à élever le degré de satisfaction du pays, le prix de la viande grimpe vers de nouveaux paliers et que la grogne des citoyens consommateurs gagne en intensité et en agressivité. On semble oublier que le pays a été saigné à blanc par les attentats terroristes des plus meurtriers qui ont fait « fuir » les touristes, les investisseurs étrangers et nos partenaires commerciaux.
Les risques de nouveaux attentats aux effets dévastateurs sur le moral des chefs d’entreprise et sur l’économie n’ont pas disparu pour autant. Les dirigeants vivent en permanence, sans que « les forces vives du pays » ne semblent s’en soucier, avec la hantise du terrorisme, aux ramifications planétaires. Une seule déflagration, comme celles qui ont endeuillé Le Bardo et Sousse, achèverait de sonner le glas de notre économie.
Les chocs terroristes à répétition ont déjà brisé toute velléité de reprise économique et plongé de nouveau l’économie dans les affres de la récession. Ils ont provoqué l’arrêt du secteur touristique, fait exploser le chômage et fait perdre le sommeil aux banquiers et responsables politiques. Avec cette particularité toute tunisienne que certains hôteliers, qui ont appris de longue date à piocher dans les caisses de l’Etat par tout temps et en toute circonstance, se dérobent encore une fois à leurs responsabilités et en appellent, avec fermeté comme toujours, à l’Etat pour prendre en charge le service de la dette – qui n’aurait jamais dû exister – et les charges salariales. Cette manière de se dédouaner à bon compte est économiquement injustifiable et moralement condamnable.
Qu’ontils fait de la manne hôtelière dans les années de vaches grasses, quand l’argent, qu’ils détournaient à leur seul profit, coulait à flot ? Les apprentis hôteliers, ces intrus, simples chasseurs de primes et carnassiers du capital auraient dû, en bons gestionnaires – mais l’étaient-ils ? – constituer des provisions pour faire face à ce genre de situation dans un secteur aux multiples aléas, plutôt que d’engranger un patrimoine à faire pâlir d’envie, bien à l’abri aujourd’hui des soubresauts du secteur touristique.
L’aide de l’Etat, c’est-à-dire l’apport du contribuable, contre une partie des fortunes accumulées ici et ailleurs ? Oui, pourquoi pas. Mais l’Etat-providence, si tant est qu’il puisse encore exister, a ses propres exigences. Il faut en finir avec cette mentalité de prédateur. Les Tunisiens ne supportent plus de voir se perpétuer ce comportement inadmissible, dans une économie de marché, de vouloir privatiser les profits et de socialiser les pertes.
Comprendraient-ils aussi le comportement, si peu rationnel, des syndicats qui refusent d’intégrer les paramètres de compétitivité et de productivité – que défend particulièrement le patronat – dans le calcul des augmentations des salaires ? Vouloir s’en tenir au seul critère du coût de la vie pour fixer les nouvelles majorations de salaires conduirait à une sorte de suicide collectif : les salariés eux-mêmes n’y gagneraient rien et auront tout à perdre. Ils seront payés en monnaie de singe, en argent déprécié, sans valeur aucune. Sans de nouveaux gains de productivité, toute augmentation de salaire conduirait, soit à des licenciements de personnel, soit à une inflation par les coûts qui réduiraient à néant les hausses des salaires.
Pire, elle obligerait les autorités monétaires à s’engager dans des politiques de dévaluations compé- titives pour redresser la compétitivité des entreprises. Le résultat est qu’au final, la dépréciation du dinar va renchérir les importations et pousser les prix à la hausse, ce qui, convenons-en, n’est pas pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés. Les salaires, on ne le dira jamais assez, sont une composante essentielle de la productivité.
On ne peut nier cette évidence en se barricadant derrière le paravent de l’hypocrisie et de la démagogie. A charge pour l’exécutif d’opposer au plus vite à cette démagogie dévastatrice une pédagogie des enjeux. Pour éviter au pays la pire des désillusions et un réveil brutal des plus douloureux. Au lieu d’un véritable dialogue social qui tarde à s’engager, on s’enlise dans un dialogue de sourds sans issue. Qu’on se le dise, le scénario catastrophe de l’insouciante grenouille, n’est pas qu’une simple vue de l’esprit.
Je ne comprends pas, plus de crédit les banques risquent des problèmes . Je parle des industriels même pour les marchés d’état ils n octroient rien comment voulez vous faire pour un marché de 300 000 dt la matière première est d’au moins la moitié les entreprises n ont plus les moyens ils faut trouver des solutions .plus aucune entreprises ne recrutera tant que les lois seront toujours comme aujourd’hui un changement radical devra avoir lieu ne plus suivre le système Français (voir USA) continuer à suivre des systèmes qui ont des problèmes est une aberration l…
La descente aux enfers, est la réalité. Le sursaut national peut il se faire sans changer les règles du système capitaliste, centré autour de l’Argent Dette ?? Les mêmes causes produirons nécessairement les mêmes effets !! Il est temps de réformer le système en le basant sur les Ressources Humaines, Naturelles et Financières.