La lutte contre le chômage, le développement de l’esprit entrepreneurial et la valorisation de la science passent par les pépinières technologiques et industrielles. Tel était le principal message véhiculé par des conférenciers venus de plusieurs pays arabes pour participer au Colloque arabe sur le renforcement du rôle des pépinières industrielles et technologiques dans le développement industriel, tenu à Tunis les 12 et 13 octobre. Qu’ils soient Algériens, Tunisiens, Libyens, ils ont appelé à exploiter le potentiel des pépinières afin de créer de la valeur ajoutée.
Houssin Fraj Chtioui, représentant du ministère de l’Industrie de Libye, a appelé à miser sur le capital humain et la valorisation des pépinières, loin des idées reçues sur les possibilités offertes par les revenus du pétrole. L’intervenant a plaidé pour une restructuration de la recherche scientifique par le biais de l’économie du savoir. En se référant à des études réalisées, il a indiqué que les pépinières augmentent les chances de réussite des projets. Une étude réalisée par l’Union européenne indique en effet que dans 16 pays de l’UE 90% des entreprises continuent leur travail avec succès trois ans après leur démarrage. Dans le même contexte, l’intervenant a regretté le fait que les pépinières d’entreprises soient méconnues dans le monde arabe, étant donné que les premières pépinières ont vu le jour en Egypte en 1995, contrairement aux Etats-Unis où elles ont été créées entre 1940 et 1959.
Dans le même contexte, Houssin Fraj Chtioui a souligné l’importance de la vulgarisation de la culture des pépinières dans le monde arabe. La première démarche à effectuer est d’établir des ponts entre les universités et les industriels pour valoriser la recherche, surtout que le nombre de brevets dans le monde arabe demeure limité puisqu’un certain nombre de pays arabes ne figurent même pas dans l’indice de création et de compétitivité comme la Libye. « Le nombre de brevets enregistrés dans 18 pays arabes entre 1963 et 2013 est de 1821 brevets d’invention, ce qui demeure inférieur au nombre de brevets réalisés par la Malaisie dans la même période (1892 brevets ) ». En conclusion, l’intervenant a recommandé l’élaboration d’un partenariat fructueux entre les universités et le secteur privé, la création de pépinières dans des milieux académiques et l’exploitation des résultats de recherche pour renforcer le secteur industriel.
Mohamed Nejib Mansouri, directeur de la technopole de Borj Cedria, a présenté la technopole et indiquer qu’elle produit 10% de la production tunisienne en recherche scientifique du pays. Dans le même contexte, il a présenté la valeur ajoutée de deux projets abrités par les pépinières de la technopole. Revenant sur la relation de la technopole avec les pépinières, il a indiqué qu’elle fait de son mieux pour encadrer les entrepreneurs et leur fournir les conditions idoines pour faire évoluer leurs travaux, à condition que les projets aient un rapport étroit avec les activités de la technopole. « S’ajoute à cela que nous œuvrons pour le développement de l’esprit entrepreneurial », indique-t-il. Afin d’illustrer toutes ces données, l’intervenant a présenté deux projets abrités par la pépinière. Le premier projet est initié par le chercheur Youssef Kammoun et consiste dans la conception d’un engrais liquide à base de lignite, ce qui constitue une première. La valeur ajoutée de ce produit est qu’il est distribué à un prix compétitif par rapport aux autres engrais traditionnels, et qu’il ne contient aucune herbe parasitaire. Quant au deuxième projet, il s’agit d’un partenariat entre un Suisse et un jeune Tunisien : « C’est la première entreprise dans le domaine de l’économie verte en Afrique capable d’agir par de nouveaux moyens sur l’agriculture, l’hygiène et la lutte contre les catastrophes naturelles », affirme-t-il.
L’expérience marocaine
Elle a été présentée par le professeur Mohamed Khaladi, qui a indiqué que pendant les années 90, le Maroc a connu plusieurs manifestations menées par les étudiants en licence et les doctorants au chômage. « C’était triste de voir nos étudiants et nos chercheurs mener des manifestations pour revendiquer leur droit à l’emploi ». Evoquant le programme « Doctorat Le Maroc, » le professeur a indiqué que le programme a vu le jour en 1999 pour la promotion de l’esprit entrepreneurial et consiste dans l’organisation d’un concours entre les étudiants pour présenter à la fin d’une semaine un projet devant un jury spécialisé. Evoquant les pépinières de Marrakech, le professeur a indiqué que ce projet a permis de mettre l’université dans son environnement économique, en reliant l’université au monde de l’entreprise.
Le cas de l’Algérie
Il présente une différence par rapport aux autres pays. En effet, le docteur Abderrahmen Ben Antar a indiqué que les pépinières technologiques constituent un moyen pour le renforcement des PME en Algérie. L’intervenant a indiqué que les PME industrielles en Algérie rencontrent un certain nombre de problèmes malgré l’intervention des autorités algériennes pour les résoudre. Il a ajouté que ces efforts demeurent insuffisants. Pour l’interlocuteur, afin de réhabiliter les PME industrielles à travers les pépinières, un travail doit se faire sur l’accès à l’information pour toutes les entreprises d’une façon transparente et adéquate, afin d’orienter les activités de toutes les PME. Il a aussi abordé l’aspect financier qui consiste à faciliter l’accès au financement et l’aspect fiscal à travers les incitations fiscales, notamment pour les pépinières d’entreprises.