L’Algérie est en passe de devenir un intermédiaire indispensable à la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel, estime notre confrère du site Crisis Group. Après plus d’une décennie passée à privilégier les relations avec les Etats-Unis et l’Union européenne ( UE ), l’Algérie « recalibre » sa politique étrangère : depuis le bouleversement régional de 2011, Alger a joué un rôle important, parfois crucial, dans les crises politiques et sécuritaires de trois de ses voisins. En Libye, elle a soutenu les négociations de l’Organisation des Nations Unies ( ONU ) et mené sa propre diplomatie discrète depuis la mi-2014 pour réconcilier les factions belligérantes. Au Mali, elle a accueilli les pourparlers tenus sous son égide entre le gouvernement et les factions rebelles du nord, pour stabiliser le pays et pour empêcher également le sécessionnisme du nord. En Tunisie, elle a appuyé de manière discrète, mais cruciale, le consensus entre les islamistes et les laïcs qui a été la source de la stabilité de ce pays depuis 2014.
Inversement, poursuit Crisis gGroup, la politique intérieure, où le changement est d’une lenteur extrême, entrave toute tentative d’adapter la doctrine de politique étrangère (et la doctrine militaire qui s’y rapporte) à l’évolution de la situation. Traditionnellement portée sur les relations d’Etat à Etat, l’Algérie a commencé, et doit continuer, à étayer ses relations diplomatiques traditionnelles, en nouant des liens avec les acteurs non étatiques qui se multiplient dans la région.
Longtemps influente sur les affaires africaines, mais occupant une place relativement marginale dans le monde arabe, elle devrait coopérer avec les Etats du Golfe, qui s’affirment de plus en plus en Afrique du Nord, et leur plaider sa cause par la persuasion et non en se contentant de lancer des piques. Les relations avec la France, l’ancienne puissance coloniale, et le Maroc voisin sont déchirées par des tensions et des rivalités souvent inutiles, otages d’une histoire que la plupart des Algériens n’ont pas vécue.
Le pays s’aiderait davantage en surmontant, ou du moins en diminuant, ces tensions dans la mesure du possible. Le changement générationnel en cours de l’ensemble des dirigeants politiques et des institutions offre une occasion de le faire, à condition qu’il y ait des homologues compréhensifs. Une plus grande participation algérienne à titre d’intermédiaire pragmatique de la stabilité et des compromis politiques au Maghreb et des conflits au Sahel doit être saluée, surtout à une époque d’insécurité régionale et de polarisation idéologique accrues.