Une rencontre à caractère opérationnel a réuni à Tunis le ministère public de la Confédération suisse et les autorités judiciaires de la République tunisienne, lundi 12 octobre, dans le cadre du renforcement des diverses procédures pénales pour développer l’entraide judiciaire.
Le Procureur de la Confédération suisse, Michael Lauber, a indiqué, lors de ce point de presse qu’ « en rapport avec le Printemps arabe tunisien, nous avons ouvert une enquête pénale depuis 2011. Nous avons commencé les enquêtes contre 12 personnes et contre des inconnus soupçonnés d’avoir blanchi de l’argent, et tous ceux qui sont soupçonnés d’avoir participé à l’organisation criminelle ou l’ont soutenue. Nous avons également bloqué en Suisse 60 millions de francs suisses sur des comptes bancaires appartenant à des Tunisiens. »
Et de poursuivre : « Selon l’enquête que nous avons menée, il s’agit de délits préalables qui se sont passés en Tunisie. Maintenant nous sommes entrés dans une phase décisive de la procédure en Suisse. On s’est posé la question des éléments nécessaires dont nous avions besoin. La réponse était évidente: il fallait faire ce pas, c’est-à-dire venir en Tunisie, dans le but de dialoguer avec nos confrères tunisiens, pour préparer la prochaine étape de la procédure judiciaire, car il faut bien coordonner nos actions ».
« Quand on parle d’une phase décisive, on parle de confiscation de l’argent, de restitution de l’argent, mais surtout de punir les responsables du blanchiment d’argent, de la corruption, du crime organisé », a-t-il-ajouté.
Interrogé sur la durée de l’enquête, il a répondu : « Ce n’est pas nous qui décidons unilatéralement, nous sommes responsables de cette enquête, mais je ne peux pas vous dire exactement quand elle sera finie, pour l’instant on continue de mener nos investigations ».
Interrogé sur de possibles révélations faites par ces 12 personnes arrêtées sur l’affaire Swissleaks, il a répondu par un « Oui », en soulignant qu’il partait de l’idée que ces 12 personnes faisaient partie de Swissleaks, et que des faits et des soupçons pesaient contre elles.
Evoquant la question de l’évasion fiscale, il a déclaré : « Il n’est pas interdit d’avoir un compte bancaire en Suisse. Par exemple, on a eu un échange récemment avec d’autres pays du continent américain et nous avons expliqué clairement que toutes les informations publiées par Swissleaks sont peut-être utiles pour ces pays pour leur fisc. Ils pourront après demande aux autorités fiscales suisses obtenir les informations nécessaires. Mais cette compétence-là n’entre pas dans l’assistance mutuelle judiciaire. L’attitude de la Suisse a changé fondamentalement en ce qui concerne l’échange d’informations sur l’évasion fiscale au niveau des autorités fiscales, mais cela n’a jamais été un sujet de la compétence du ministère public de la Confédération ».