A l’occasion du démarrage officiel des négociations sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’Union Européenne (UE), les organisations de la société civile, ayant institué un groupe de travail autour des droits économiques et sociaux, ((UGTT, FTDES, LTDH, ONAT, ATFD, AMT, SNJT, UNFT, AFTURD, UGET…), ont dressé une batterie de recommandations.
Fruit de 18 mois de travail collectif, portant sur le Partenariat Privilégié de l’UE avec la Tunisie et l’accord Aleca, les représentants de ces organisations ont appelé à orienter les relations entre les deux parties dans une perspective stratégique contribuant à relever les principaux défis qui se posent actuellement à la Tunisie, notamment ceux de la maîtrise des technologies, de la sécurité alimentaire, de l’autonomie énergétique et de la gestion de l’eau.
Il a été recommandé, dans le même cadre, d’orienter l’aide de l’UE vers les besoins identifiés par la Tunisie et non pas subordonner les stratégies nationales des pays partenaires en fonction des fonds existants, d’optimiser les emprunts et les subventions en les adaptant à une stratégie claire de développement durable et inclusif, ainsi que d’étudier des solutions pour alléger l’endettement actuel de la Tunisie qui pénalise la transition démocratique en cours.
Au plan de l’Aleca, les responsables ont préconisé de placer cet accord dans un cadre de coopération équitable, tenant compte de la compétitivité inégale entre les économies tunisiennes et européennes, ainsi que de la persistance des aides publiques européennes accordées à certains de leurs secteurs stratégiques.
Ainsi, il importe, selon leurs propos, d’effectuer un bilan du partenariat avec l’UE tel qu’il a été engagé depuis 1995, d’entreprendre des études indépendantes et actualisées d’impact multidimensionnel de l’Aleca en intégrant la dimension des droits économiques et sociaux.
En effet, il a été recommandé de renoncer aux conditionnalités susceptibles d’imposer des réformes structurelles et des politiques d’austérité défavorables aux droits économiques et sociaux des citoyens, de prévoir des mécanismes d’exception pour remédier au caractère asymétrique des relations entre la Tunisie et l’UE, de promouvoir la coopération technique et scientifique dans les domaines des TICs, des énergies renouvelables et de l’économie sociale et solidaire.
Dans le même sillage, les représentants de la société civile ont mis l’accent sur la nécessité d’instituer un système d’accès à l’information pour la société civile garantissant la transparence du processus des négociations dudit accord, d’assortir la liberté de circulation des biens, des services et des capitaux à la libre circulation des personnes, et de développer un cadre institutionnel permettant l’expression et l’implication effective de la société civile aux différentes phases et volets des négociations.
En outre, ils ont appelé à s’assurer que des mesures favorisant l’emploi et l’inclusion des femmes dans tous les domaines économiques soient intégrées dans tout le processus de négociation, d’organiser un débat public sur l’Aleca au niveau global et sectoriel, ainsi que d’aider le peuple tunisien à mettre en place et accélérer les procédures pour récupérer les fonds spoliés par l’ancien régime.