Les récentes déclarations de dirigeants de Nida Tounes révèlent des divisions internes, aggravées par une remise en cause inattendue et injustifiée des instances dirigeantes. La pensée politique est désormais à l’épreuve de la guerre des chefs et des frondeurs marginaux. Les états d’âme tiennent lieu désormais de programmes, sinon de visions d’avenir.
Antonio Gramsci a identifié la démarcation entre l’éthique de convictions, la grille des valeurs et l’éthique de responsabilités, les contextes de l’action politique. Le père fondateur Habib Bourguiba a su conjuguer ces éthiques, mettant son action politique au service de ses valeurs. Dérive générale de la classe politique tunisienne, la tactique politicienne est désormais à l’ordre du jour.
La campagne électorale a permis à Nida Tounes de lutter contre ses adversaires, qui voulaient instaurer un passé mythique et en faire le levier politique d’une prise du pouvoir sur l’avenir. Sa réussite aurait dû assurer le respect de sa lecture politique « binaire », la conforter et l’enrichir, en relation avec les attentes populaires.
Nida Tounes a-t-il perdu son combat culturel ou plutôt a-t-il adopté de fait une attitude de démission ? La redéfinition de la vision d’avenir a été occultée par les campagnes personnelles, les divisions et les repositionnements individuels qu’elles suscitent. Les convulsions annihilent les débats autour d’un projet collectif. Comment conjurer cette « maladie du vide » ? En panne de politique, le citoyen appréhende un « théâtre de boulevard ». Pis encore, vu la gravité des enjeux, « un théâtre d’ombres », qui l’inquiète. Peut-on parler d’une crise organique d’un interrègne ? Nécessité évidente, il faudrait prendre en compte l’habilitation citoyenne, assurer un retour aux normes du politique et rectifier le tir. Wait and see.