En quelques semaines, l’enthousiasme humanitaire en Allemagne est brutalement retombé: une majorité d’Allemands est désormais critique à l’égard de la politique d’immigration d’Angela Merkel. Sa cote de confiance a chuté de neuf points en un mois, même si elle demeure élevée. La Chancelière allemande est contestée même au sein de son propre parti, la CDU, la grogne monte, notamment au sein de la CSU, sa branche bavaroise.
Selon notre confrère Le Point, le président de la CSU, Horst Seehofer, n’a pas hésité à parler de « capitulation de l’Etat » à propos de la vague migratoire qui touche de plein fouet la Bavière. Il a aussitôt gagné onze points dans les sondages.
Rappelons qu’au moins 800 000 migrants sont attendus en Allemagne pour l’année 2015, sans doute beaucoup plus en 2016. Trois cent mille sont arrivés au cours du seul mois de septembre. En annonçant que son pays donnerait asile à tous les réfugiés qui fuient les pays en guerre, la chancelière a provoqué un formidable appel d’air.
Angela Merkel, une redoutable tacticienne politique très à l’aise sur le théâtre européen, n’a visiblement pas mesuré l’impact planétaire de ses déclarations. Au cœur de l’été, Angela Merkel a d’abord voulu « coller » à son opinion publique, alors favorable à l’accueil des migrants. Mais l’opinion est par essence versatile… Il faut reconnaître, analyse Le Point, que l’arrivée en masse de migrants peut fournir de la main-d’œuvre bon marché à une Allemagne qui, à terme, risque d’en manquer. Elle aura même l’an prochain un effet bénéfique sur la croissance allemande: la Deutsche Bank a révisé ses prévisions de croissance à la hausse (+ 1,9 %), considérant que l’afflux de migrants va favoriser la consommation intérieure.