Selon l’évaluation de l’économie tunisienne par le Conseil d’administration du Fonds monétaires international ( FMI ), les perspectives à moyen terme demeurent favorables : la croissance devrait s’accélérer à 4,7 % d’ici 2020. « Elles dépendent d’une baisse des risques sur le plan de la sécurité et d’une atténuation des tensions sociales, ainsi que de la bonne et rapide exécution de vastes réformes qui améliorent le climat des affaires et favorisent le développement du secteur privé« , lit-on dans le dernier communiqué du FMI publié à l’occasion de l’achèvement des consultations de 2015 au titre de l’article IV avec la Tunisie.
Le Conseil d’administration du FMI a affirmé que les autorités tunisiennes ont maintenant l’occasion de continuer de renforcer la position budgétaire, d’achever les réformes du secteur financier et d’accélérer les réformes structurelles visant à améliorer les perspectives de la croissance et de l’emploi.
Et d’ajouter que le relâchement modeste de la politique budgétaire face à l’affaiblissement de l’activité économique en 2015 est approprié, mais qu’il est nécessaire de reprendre l’assainissement à compter de 2016. À cet égard, les administrateurs ont engagé les autorités tunisiennes à améliorer la composition du budget, en limitant l’augmentation de la masse salariale grâce à une réforme de la fonction publique et en réduisant les subventions énergétiques d’une manière soutenable, grâce à l’application d’une nouvelle formule de calcul automatique des prix des carburants. Ils ont noté aussi qu’il importe d’utiliser l’espace budgétaire pour les dépenses sociales prioritaires et d’accroître l’exécution de l’investissement public, qui est aujourd’hui faible.
Les administrateurs ont souligné qu’il importe d’opérer des réformes budgétaires qui ne nuisent pas à la croissance. Ils ont souligné avec satisfaction que les autorités sont déterminées à adopter une réforme fiscale qui accroît l’équité, l’efficience et les recettes permanentes. Un renforcement de la gestion des finances publiques et du suivi des entreprises publiques contribuerait à réduire les risques budgétaires. Les administrateurs ont salué aussi la détermination des autorités à réformer les retraites.
Les administrateurs ont salué la politique monétaire prudente des autorités. Ils jugent encourageant le passage récent à des taux d’intérêt réels positifs et la volonté de la Banque centrale de relever davantage son taux directeur si les tensions inflationnistes se matérialisent. Selon le même communiqué, les administrateurs attendent avec intérêt le renforcement du cadre de la politique monétaire et l’adoption de la loi sur la Banque centrale, qui renforcera son indépendance et précisera ses objectifs. Ils souscrivent à la volonté des autorités d’assouplir le taux de change – avec en parallèle un approfondissement du marché des changes – qui contribuera à renforcer les volants de réserves et à réduire les déséquilibres.
Les administrateurs saluent les mesures qui sont prises pour moderniser et renforcer le système bancaire et sa gouvernance. Ils appellent à achever rapidement la recapitalisation de toutes les banques publiques et soulignent qu’il importe de veiller au respect de la réglementation pendant toute la période de restructuration. Les administrateurs soulignent aussi qu’il est important de moderniser le dispositif de résolution bancaire, de renforcer le contrôle et la réglementation des banques, et de mettre en place une loi efficace sur les faillites, afin de s’attaquer aux prêts improductifs.
Les administrateurs ont souligné la nécessité d’améliorer le climat des affaires pour accélérer la croissance et la création d’emplois, ainsi que rehausser la compétitivité. Ils saluent l’adoption de la loi sur la concurrence et appellent les autorités à redoubler d’efforts pour réformer l’appareil réglementaire, notamment en adoptant une loi sur l’investissement qui existe de longue date, et pour engager des réformes du marché du travail qui s’attaquent au chômage élevé.
Notons qu’il est prévu que la prochaine consultation avec la Tunisie au titre de l’article IV se déroulera conformément à la décision du Conseil d’administration sur les cycles de consultation pour les pays membres ayant conclu un accord avec le FMI.