Selon le rapport de l’Organisation des Nations unies intitulé « Les femmes dans le monde 2015 », lancé aujourd’hui à l’échelle internationale, l’espérance de vie dans le monde a continué d’augmenter, passant à 72 ans pour les femmes et 68 ans pour les hommes. « La mortalité maternelle a baissé de 45 % entre 1990 et 2013. Bien que les femmes se marient plus jeunes que les hommes, l’âge des femmes au moment du mariage a aussi reculé sous l’effet d’une meilleure éducation, d’une entrée plus tardive sur le marché de l’emploi et d’une plus grande indépendance économique« , souligne le rapport.
S’agissant de la scolarité, le rapport a dévoilé que les disparités entre les filles et les garçons ont diminué : Dans deux tiers des pays, les filles obtiennent de meilleurs résultats scolaires que les garçons pendant tout le cycle primaire. Cependant, dans certains pays en développement, les inégalités dont pâtissent les filles sont criantes. Aujourd’hui, on compte dans le monde 58 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école qui ne sont pas scolarisés, dont plus de la moitié sont des filles et près des trois quarts vivent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Bien que la grande majorité des jeunes du monde entier soit alphabétisée, près des deux tiers des adultes analphabètes sont des femmes, proportion inchangée depuis 20 ans.
« Beaucoup trop de femmes et de filles continuent de faire l’objet de discriminations, d’être soumises à des violences, de se voir dénier une égalité de chances en matière d’éducation et d’emploi et d’être exclues de postes de commandement et de décision « , a souligné le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
La persistance de la violence à l’égard des femmes et des mariages d’enfants
Plus d’un tiers de femmes ont été victimes de violence physique ou sexuelle à un moment ou un autre de leur vie. Dans les cas les plus extrêmes, elles en sont mortes. Près de deux tiers des victimes d’homicides commis par le partenaire ou un membre de la famille sont des femmes. Face à la violence, les attitudes commencent à changer, car les hommes comme les femmes acceptent de moins en moins la violence à l’égard des femmes. Cependant, 60 % des femmes victimes de ce type de violence gardent le silence ou ne demandent pas à être aidées.
Le mariage des enfants constitue toujours un problème crucial en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, bien qu’il ait baissé de 31 % en 1995 à 26 % en 2010.
Toutes les régions en développement satisfont de plus en plus à la demande en matière de planification familiale. Cependant, les rôles que la tradition assignent aux femmes et les attentes liées aux mariages précoces ainsi que l’absence de pouvoir de décision des filles mariées font que celles-ci sont davantage exposées à des grossesses précoces, des avortements non médicalisés et des infections sexuellement transmissibles, autant de causes importantes de décès dans les régions en développement. Les comportements à risque et les images vantant la virilité masculine ont aussi des effets nuisibles sur les adolescents et les jeunes hommes, qui courent le risque de mourir d’accidents de la route ou de pulsions autodestructrices. Les hommes consomment beaucoup plus de tabac et d’alcool que les femmes, ce qui contribue à augmenter leur taux de mortalité.
Les lourdes charges domestiques des femmes et leur dépendance économique
Parmi les femmes en âge de travailler, seulement 50 % ont un emploi contre 77 % des hommes. Les femmes ont surtout des emplois mal rémunérés et gagnent entre 70 et 90 % de ce que gagnent les hommes. En outre, les femmes passent chaque jour trois heures de plus que les hommes à s’occuper des tâches ménagères et des membres de la famille, contre deux heures de plus pour les femmes des pays développés. Du fait de la division par sexe du travail (rémunéré ou non) dans nombre de pays, les femmes continuent d’être économiquement dépendantes de leur conjoint.
La vulnérabilité économique des femmes devient encore plus visible dans le cas de celles qui élèvent leurs enfants seules. Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses dans le monde, que ce soit dans les pays en développement ou dans les pays développés, du fait de la hausse de la fécondité hors mariage et du nombre de divorces. Les femmes qui s’occupent seules de leurs enfants constituent près de 75 % des familles monoparentales et sont davantage exposées au risque de pauvreté que les pères célibataires ou les ménages composés des deux parents.
Représentation inégale des femmes dans les postes de direction
Dans la plupart des pays, les femmes continuent d’être moins présentes que les hommes dans les sphères publique et privée. Il est toujours exceptionnel qu’une femme dirige un gouvernement, bien qu’on en compte 19 dans le monde, soit un peu mieux qu’en 1995 où elles étaient 12. De même, seulement 22 % des parlementaires et 18 % des ministres sont des femmes. Le nombre de femmes chefs d’entreprises, parlementaires et cadres supérieurs demeure modeste. Aucun pays n’a atteint ou dépassé la parité dans ce domaine et seulement la moitié des pays ont affiché 30 % au moins de représentation féminine dans ces fonctions.