Elaborée par le Bureau international du Travail (OIT), en partenariat avec la coopération italienne au développement, Statistiques Tunisie, l’Observatoire national de l’emploi et des qualifications, l’étude » Transition vers le marché du travail des jeunes femmes et hommes en Tunisie » a dévoilé de nouveaux résultats pour le marché de l’emploi. L’étude a été présentée hier, le 23 octobre, lors d’une journée de réflexion sur « La jeunesse tunisienne face aux défis de l’emploi ».
Élaborée en 2014, l’étude a ciblé 735 entreprises employant 6 employés et plus parmi les 16.982 enregistrées au Répertoire national des entreprise (RNE). La tranche d’âge qui a été choisie est celle de 15-29 ans. Fakher Zaibi, directeur général de l’observatoire national de l’emploi et des qualifications (ONEQ) a estimé que les résultats dévoilés par le travail en question sont très importants et mettent en lumière de nouveaux aspects des entreprises ainsi que les différents profils des jeunes employeurs.
Les entreprises familiales priment sur les marchés
C’est l’un des résultats auxquels l’étude en question a abouti. Le présentateur a indiqué qu’un nombre important d’entreprises tunisiennes sont des PME et que plusieurs d’entre elles sont des entreprises familiales. 79% des entreprises en question ont un nombre d’employés inférieur à 50 personnes et 20,1% de ces entreprises sont des entreprises familiales. Commentant ce chiffre, le présentateur a indiqué que les entreprises familiales ne favorisent pas la création de l’emploi, notamment en ce qui concerne les diplômés de l’enseignement supérieur.
Le Grand Tunis : là où la majorité des entreprises s’installent
Ceci est un autre résultat qui confirme la disparité dans le tissu des entreprises tunisiennes. L’étude en question indique que 94% des entreprises employant 6 employés et plus sont installés sur le Grand Tunis et les régions côtières. Toujours selon la même étude, 42% des entreprises sont installées sur le Grand Tunis, le Centre-Est 32%. Le Nord-Est et le Sud totalisent respectivement 14,% et 4,5% et les régions de l’intérieur 7%. Ainsi tous les chiffres indiquent bel et bien une grande différence et une grande disparité qui pourrait influer sur le développement régional.
Présence faible de la jeunesse dont la tranche d’âge est de 15-29 ans.
La présence de cette tranche d’âge est faible dans les entreprises. « Uniquement 27,7% des employés contre une part de 72,3% pour les travailleurs âgés de plus de 29 ans », peut-on lire dans la même étude. Ces résultats coïncident avec ceux de l’enquête nationale de l’emploi de 2013 qui évalue la part des jeunes (15-29) dans la population active occupée à 26,2%.
Exclusion ou inexistence des femmes et des personnes à besoin spécifiques ?
Un taux très faible est dévoilé par l’étude en ce qui concerne la présence des personnes à besoins spécifiques au sein des entreprises. La présence de la catégorie en question est de l’ordre de 0,2% . Nous estimons qu’un chiffre pareil pourrait être interprété comme une exclusion de la catégorie en question d’où la nécessité de prendre en considération son intégration dans le monde du travail.
Encore un chiffre décevant puisqu’on peut lire dans l’étude que : « Globalement, 70,3% des emplois sont occupés par des hommes contre 29,7% par des femmes » et de préciser : « l’écart est d’environ 38 points pour les gens employés âgés de plus de 29 ans et de près de 4 points pour les jeunes de 15 à 29 ans ». Un résultat pareil pousse à se demander quelle place pour les femmes au sein des entreprises tunisiennes ? Pourrions-nous parler d’égalité des chances dans le recrutement entre hommes et femmes ? L’étude ne fournit d’éléments de réponse à ce sujet.
Qualité de la main-d’œuvre et concurrence sur le marché national : c’est là que le bât blesse
Les entretiens avec les décideurs interrogés ont dévoilé que 19% des entreprises considèrent que la qualité de la formation de la main-d’œuvre comme étant le problème le plus important auquel elles sont confrontées contre 17,4% qui estiment que la qualité de la main d’œuvre est le second problème le plus important. 30% des entreprises pointent du doigt la concurrence sur le marché national comme premier ou second problème important. Les chiffres en question semblent inciter à revoir la relation entre le système éducatif, les programmes universitaires et le marché de l’emploi afin qu’il y ait une adéquation entre eux et afin que la qualité de la formation réponde aux besoins des entreprises.
Genre : élément décisif dans le recrutement pour les entreprises ?
Pas aussi sûr que cela. En effet 62,7% déclarent ne pas accorder d’importance au genre du candidat quand il s’agit de recruter des dirigeants ou des professionnels contre 27,5% qui recherchent des hommes et 9,7% qui ciblent les femmes. L’étude indique que « la répartition par secteur d’activité montre une préférence prononcée pour le genre masculin dans le secteur de la construction et du commerce et de la réparation (43,2% et 33,8%). Cependant, il n’en est pas de même pour le recrutement des travailleurs de production et les professions élémentaires car l’étude a dévoilé une préférence pour les hommes 45,2% par rapport aux femmes 16%. Sur ce volet l’étude a conclu que « à l’emploi, les hommes sont favorisés par rapport aux femmes, ainsi environ 43% des hommes ont une occupation contre 19% des femmes ».