Dans son livre «Un ambassadeur dans la révolution tunisienne», qui vient de paraître aux éditions Pepper-L’Harmattan et sera bientôt disponible en Tunisie, Pierre Ménat, ambassadeur de France à Tunis lors de la révolution tunisienne, nous livre son témoignage, notamment sur les événements de 2011. Voici quelques extraits :
«Voici près de cinq ans, mon statut m’interdisait de prendre la parole ou la plume. Aujourd’hui, j’ai retrouvé cette liberté et en fais usage.
Dans la première partie, « Tunis entre illusion et réalités », je dépeins le tableau que je découvre en arrivant à Tunis en septembre 2009. L’illusion, ce sont les jeux qui animent la scène politique en cette année d’élections présidentielle et législatives. La réalité est celle d’un pouvoir totalitaire, en décalage avec les attentes de la société. Et lorsque l’illusion se dissipe quelque peu et découvre un pan de réalité, les tensions s’exacerbent.
La deuxième partie, «le métier d’ambassadeur» décrit la fonction de chef de mission diplomatique et la manière dont je l’ai exercée à Tunis. Comme mes prédécesseurs, secondé par une équipe solide, j’ai, malgré les obstacles, pris des initiatives. Mais je n’occulte pas les défaillances qui ont affecté mon action.
La troisième partie s’intitule « La révolution ». Elle s’ouvre sur une réflexion sur cette notion, distincte de celle de révolte, et se poursuit par une description des évènements de Janvier 2011, sans omettre d’analyser les dysfonctionnements qui ont affecté la perception de la position française.
Dans ce livre, je m’efforce, sans nier les contraintes qui, sous le régime de Ben Ali, limitaient la marge d’action de la France, de montrer que celle-ci existait quand même, que nous n’étions ni aveugles, ni sourds.
Quatre jours avant que ce témoignage ne fût rendu public, alors que le livre était sous presse, le prix Nobel de la Paix a été attribué à quatre organisations tunisiennes, qui ont joué un rôle essentiel lorsque la période de transition connaissait une phase troublée: le syndicat UGTT, l’UTICA (patronat), la Ligue des droits de l’Homme et l’Ordre des avocats. Le message du jury est clair: cette prestigieuse distinction n’est pas accordée à l’institution, mais aux représentants de la société civile. »