Depuis quelques années, faire usage des nouvelles technologies est devenu important dans l’administration. Comment améliorer des services en ligne pour faciliter l’accès des citoyens à des documents administratifs et avoir une meilleure qualité de gestion? Tels étaient les thèmes abordés lors d’un colloque intitulé « EGOV« , le 3 novembre, sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Cela fait des années qu’on parle des nouvelles technologies de plus en plus reconnues comme étant la clé du développement économique. Faciliter les interactions avec le gouvernement par le biais d’une identification numérique, tel est l’enjeu; c’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Chiheb Bouden. Pour lui, “il s’agit d’un colloque scientifique. EGOV, un mot magique qui veut dire des outils qui vont permettre de faciliter le travail administratif. Aujourd’hui on ne peut plus se permettre de vivre sans ces outils qui aident et confèrent de la transparence au travail administratif”, dit-il.
Et de poursuivre: “Il est important d’écouter les recommandations qui seront proposées par ce séminaire où des spécialistes sont venus des quatre coins du globe pour exposer les résultats de leurs travaux dans leurs domaines respectifs. Ce qui nous intéresse aussi c’est de savoir où vont les nouvelles tendances technologiques. Quels outils devons-nous enseigner, pour que nos diplômés soient aussi des développeurs de nouvelles technologies ?”
Interrogé sur l’accès aux nouvelles technologies, dans les régions défavorisées, il a répondu : “Ces technologies de l’information jouent en faveur de ces régions-là, car aujourd’hui on peut travailler à distance. L’important est de mettre en place le réseau et ce n’est pas bien compliqué. Aujourd’hui, le citoyen peut accéder à internet avec la 3G et prochainement avec la 4G, qui sont faciles à installer. Cela demande moins d’efforts que de construire des autoroutes.”
Evoquant le sujet du zéro papier, dans les prochaines années, il renchérit: “Il faut rêver, il faut que ce soit fait dans une date la plus proche possible. Théoriquement oui, mais pratiquement, il s’agit de la bonne volonté des hommes et des femmes”.
Il conclut: “Lorsqu’on parle de nouvelles technologies de l’information, il y a tout un écosystème à mettre en place sur le plan juridique, sécuritaire, informatique. Maintenant les nouvelles technologies garantissent toute la sécurité qu’il faut. Il reste à adopter les textes et mettre en œuvre les moyens nécessaires, ce sont les enjeux de cette nouvelle économie numérique”.
De son côté, la secrétaire d’Etat auprès du ministère des Finances, Boutheina Ben Yaghlane, a déclaré : “Quand on parle de gouvernance électronique, on met en avant la gouvernance et la transparence, ce sont deux mots clés dans l’administration pour mettre en confiance le citoyen. Pour l’informatisation, je dirais que la Tunisie est parmi les pays les plus avancés du monde arabe et sur le continent africain. Néanmoins, ce n’est pas suffisant. Nous avons besoin de cette ouverture pour qu’il y ait plus de services à la portée du citoyen. En tant que ministère des Finances, nous travaillons sur deux axes très importants : la modernisation de l’administration fiscale et celle de la douane, ce sont deux axes qui entrent dans la stratégie de la bonne gouvernance”. Et de poursuivre: “La gouvernance électronique n’est plus un luxe, c’est devenu un choix. D’ailleurs, ce gouvernement a mis en place un Conseil national de l’économie numérique”.
Pour Sylvie Daniel, professeur en télédétection de l’université Laval au Canada: “La société civile a quelque chose à apporter. Prenons l’exemple de la France qui a pris de l’avance dans ce domaine pour la simple raison qu’il y a aussi une volonté politique forte, un leadership de certains représentants du gouvernement, un élan de la société civile très fort et qui a été très impliquée dès le début. C’est une façon de faire pour promouvoir la gouvernance numérique, cette nécessité d’impliquer le citoyen à vouloir agir. Concernant cet événement, il permet d’analyser les avancées obtenues par certains ministères, et là on le voit en Tunisie, avec la participation très forte de la société civile, il y a cette dynamique de vouloir changer les choses, non pas par le haut, mais également par la base”.
Et d’ajouter: “Je pense qu’en prenant conscience de ces éléments, il faut prendre en compte que la Tunisie a quand même un socle de formation très fort, et je vois la qualité des ces formations, notamment dans ces domaines des technologies de l’information. La Tunisie démontre un fort potentiel pour aller de l’avant. Il y a beaucoup de défis, il faut que l’infrastructure soit en place et que la population ait accès à cette technologie-là. Ces éléments de base nécessitent un besoin de formation, d’éducation et de faire basculer ces entreprises vers l’économie numérique. Cela dit, il faut donner à ces entreprises le pouvoir de réaliser ces échanges dans un contexte sécurisé, qui va appuyer finalement le développement de la Tunisie dans cette gouvernance numérique”.
Et de conclure: “Je dirais que la Tunisie est déjà avancée, on n’est pas au début, mais ce qu’il faut c’est poursuivre les efforts et apporter le soutien aussi bien à l’administration du gouvernement qu’à la société civile pour que cet élan se concrétise au final”.