Les exportateurs tunisiens de l’huile de l’huile d’olive veulent faire de la Tunisie, du moins d’ici 10 ans, le deuxième producteur mondial d’huile d’olive. Pour présenter sa stratégie afin d’atteindre cet objectif, la Chambre nationale syndicale des exportateurs d’huile d’olive a organisé sa première conférence de presse ce matin au siège de l’UTICA, à Tunis.
Il s’agit également de présenter les performances de la Tunisie dans le domaine de l’exportation de l’huile d’olive, puisque le pays vient de se hisser à la première place mondiale des pays exportateurs de cette denrée précieuse pour l’économie tunisienne.
La Tunisie produit de l’huile d’olive depuis 3000 ans et l’oléiculture a toujours compté parmi les secteurs fondamentaux de l’économie nationale, puisque l’huile d’olive représente plus de 40% de l’ensemble des exportations agricoles et 5% de l’ensemble des exportations tunisiennes.
En ce temps de récession où les moteurs de la croissance se sont presque arrêtés, l’exportation d’huile d’olive est un business porteur pour l’économie tunisienne. Rappelant les performances de cette filière, Adessalem Loued, Président de la Chambre, a saisi l’occasion pour appeler à soutenir davantage la production et l’exportation de l’huile d’olive tunisienne. « Il faut mettre en place une stratégie nationale pour améliorer la productivité de la filière », a-t-dit.
Année record
Cette production record, durant cette exceptionnelle saison 2014-2015, a d’un autre côté permis à la Tunisie de se hisser à la deuxième place mondiale des pays producteurs d’huile d’olive avec une production de 350 000 tonnes.
La Tunisie s’est classée derrière l’Espagne qui a consolidé sa position en tête des pays producteurs avec 840 000 tonnes. Elle a devancé la Grèce et l’Italie qui ont occupé respectivement la troisième et la quatrième place avec des productions de 300 000 et de 220 000 tonnes.
Ces performances remarquables sont dues à l’amélioration de la qualité (puisque plus de 80% de la production a été cette saison du type Bikr qui est de très haute qualité), aux restructurations réussies dans le domaine, ainsi qu’au savoir-faire et à l’expérience des professionnels du métier (agriculteurs, conditionneurs et exportateurs) qui n’ont pas lésiné sur les efforts et moyens pour arriver à ce résultat.
Comment se positionner durablement 2e producteur?
Comment la Tunisie, un pays qui compte 80 millions d’oliviers couvrant 1,8 million d’hectares, soit un tiers des terres labourables, demeure capable de réaliser de bien meilleurs résultats et de se positionner durablement comme deuxième producteur mondial d’huile d’olive?
Malgré les performances réalisées, les exportateurs de l’huile d’olive veulent aussi augmenter les surfaces irriguées, notamment au Nord du pays, se lancer dans le reboisement des oliviers et surtout augmenter la productivité.
S’agissant du Fonds de promotion de l’huile d’olive, créé en 2005, il est destiné à être financé entièrement par les exportateurs qui lui consacrent 0,5% des revenus des exportations. Ce fonds est mis en place dans le cadre de la campagne de promotion générique financée par les producteurs nationaux, afin de vendre le produit du terroir tunisien dans sa meilleure forme sur des marchés étrangers. « Ce fonds doit passer à la vitesse supérieure pour réussir son intégration dans une nouvelle structure afin de mieux le gérer. Pour développer ce fonds, l’Etat doit participer à son capital », recommande le Président de la Chambre.
Pour demeurer dans ce classement, les professionnels appellent à la nécessite de la révision des législations relatives au système de production, au conditionnement et à l’exportation, à la simplification des procédures de contrôle technique à travers l’instauration de l’auto-contrôle et du contrôle après l’exportation. « Le temps est venu de réviser la loi 2005 relative aux huiles alimentaires et la fameuse loi Offictec qui date de la période coloniale », a précisé M. Loued.
Et d’ajouter que les exportateurs d’huile d’olive veulent créer une « ligne verte », une sorte de mécanisme pour faciliter l’export, subventionner l’huile d’olive conditionnée et développer, dans les plus brefs délais, tout un système qui réunit tous les opérateurs et les intervenants dans la filière.
Interrogé par leconomistemaghrebin.com sur les négociations entre la Tunisie, l’UE de l’Aleca, le président de la chambre a indiqué que la liberté doit être la règle qui organise les exportations d’huile d’olive tunisienne. Pour lui, faire face à la concurrence ne veut pas dire rester enfermé. Et d’ajouter que la Tunisie pourrait exporter vers l’UE jusqu’à 100 000 tonnes d’huile d’olive. « L’Aleca ne présentera pas un risque pour producteurs et les exportateurs d’huile d’olive », a-t-il affirmé.