L’incontournable crise interne à Nidaa Tounes, ou du moins ce qui se passe dans le paysage politique du moment, a fait l’objet d’un cri d’alarme du parti du Courant démocrate, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 11 novembre.
S’exprimant sur le sujet, Mohamed Abbou, président du parti, s’est insurgé contre l’intervention du Président de la République, garant de l’unité nationale, qui, selon lui, devrait agir comme étant le président de tous les Tunisiens, et non d’un chef de parti, et « se concentrer sur des sujets autrement plus importants que la crise interne à Nidaa Tounes« , a-t-il déclaré.
Sur un autre sujet, à propos de la menace de la liberté de la presse, il a déclaré : « Nous sentons aujourd’hui que la liberté de la presse est menacée, qu’on accorde l’exclusivité à une chaîne privée de couvrir la cérémonie de l’attribution du Prix Nobel de la Paix au Quartet du Dialogue national, et non à la chaîne nationale, c’est un acte très grave, qui est une atteinte manifeste à la liberté de la presse », soutient-il.
De son côté, Hichem Ajbouni, membre du bureau politique, a indiqué: « Le pays se trouve en pleine crise économique. Tous les indicateurs socio-économiques sont au rouge. Cela dit, nous avons d’une part, un taux de croissance qui avoisine 0%, d’autre part un investissement public et privé en Tunisie qui ne dépasse guère les 25% du PIB, ce qui est à mon avis un taux très faible peu apte à booster notre économie. »
Et de poursuivre: « Il faut se rappeler les promesses du parti au pouvoir lors des élections : un taux de croissance de 4% pour la première année, 6% la seconde année, chose qui est irréalisable compte tenu de la situation actuelle. Et huit mois après, quel bilan observe-t-on? Nous nous trouvons face à un gouvernement incapable de traiter les priorités sur le plan économique, entre autres, une absence de stratégie claire de réformes que le gouvernement ne préconise pas. Pour nous, ce qui prime ce sont les réformes de fond comme l’énergie solaire, les réseaux ferroviaires, les besoins concrets de la Tunisie. C’est là où réside la solution d’après nous ».
Toujours est-il que les débats sur le Conseil supérieur de la magistrature et la Cour Constitutionnelle dominent et suscitent de vives réactions. Pour Ghazi Chaouachi, député du Courant démocrate, il faut respecter l’article 148 de la Constitution qui énonce clairement : « Dans un délai maximum de six mois à compter de la date des élections législatives, il est procédé à la mise en place du Conseil supérieur de la magistrature et, dans un délai d’une année à compter de la date de ces élections, à la mise en place de la Cour constitutionnelle« . « A mon sens, c’est une entrave à la Constitution. Le gouvernement et le Parlement sont responsables de ces dépassements », déclare-t-il.
Interrogé sur les incidences sur le gouvernement, il a répondu: « Il y aura un impact négatif sur toutes les institutions de l’Etat. Nous avons un président de la République et également le président de l’ARP qui sont impliqués d’une façon directe ou indirecte dans le litige de Nidaa Tounes. On voit également des ministres proches du clan Hafedh Caïd Essebsi, d’autres pro Marzouk. Et malheureusement, il va y avoir une incidence négative sur le fonctionnement des institutions de l’Etat d’une manière générale.
Et de conclure : « Il faut que ces litiges cessent dans l’intérêt du pays. Ces personnes citées doivent assumer leurs responsabilités vis-à-vis des Tunisiens. En l’occurrence, Nidaa Tounes a pour obligation d’assumer ses responsabilités ou de quitter le pouvoir, en laissant la place à d’autres partis politiques qui n’ont aucun problème interne. Personnellement, j’opterais pour un gouvernement de coalition, un gouvernement de salut national, parce que nous sommes dans une crise sociale, économique, très aiguë, pour une période d’une année ou deux jusqu’à ce que nous surmontions cette crise ».