Il y a quelques années l’ordre était la règle,… le désordre était l’exception.
Il fût un temps où les crises relevaient des phénomènes étranges et anormaux qui viennent se superposer à un état normal de stabilité considéré comme phénomène ordinaire et familier. Des discontinuités interféraient avec une ligne de base continue, mais sans remettre en question la dominance de cette dernière. Il semble que notre époque subit une inversion des phénomènes de l’état ‘étrange’ à l’état ‘familier’. La crise deviendrait la règle et la stabilité serait l’exception. D’où vient cette inversion? Est-elle l’aboutissement normal à notre destin ou émane-t-elle d’un nouvel ordre mondial, d’un programme, d’une manipulation,… d’un chaos contrôlé?
L’étude approfondie de l’histoire montre qu’il existe un projet de »crise perpétuelle », voire même de »guerre perpétuelle ». En effet, l’observation des crises du passé a permis à quelques fins esprits de conclure que les états de crise introduisaient toujours un changement. Avec la montée en puissance du capitalisme et après la chute du mûr de Berlin, les mêmes fins esprits se sont alors demandé s’ils ne pouvaient pas s’emparer à leur avantage de ce mécanisme de crise productrice de changement. Ils se sont posé la question en ces termes : »Plutôt que d’attendre que les crises arrivent toutes seules, pourquoi ne pas les faire arriver artificiellement, d’une manière aussi contrôlée par nous que possible, de sorte à opérer les changements qui nous arrangent? » Le principe du chaos constructeur de Leo Strauss au FAUX »printemps arabe », était né.
Expression par excellence de ce principe du chaos sous contrôle : le remodelage du monde Arabo-Musulman. C’est en 2003 que Georges W. Bush expose officiellement cette doctrine dans des allocutions médiatisées. La »guerre froide » avait gelé les positions dans une guerre de tranchées aux limites relativement fixes, les années 90 constituèrent un round d’observation. Il fallut attendre les attentats du 11 Septembre 2001 pour que les vannes d’une nouvelle ère néocoloniale soient franchement ouvertes. On assista alors à un déchaînement de démagogie et de propagande de guerre usant d’éléments de langage stéréotypés atteignant les mêmes niveaux de désinformation, de déréalisation et de réécriture révisionniste instantanée de l’histoire que pendant les deux guerres mondiales et poursuivant les mêmes objectifs de redéfinition des frontières et de l’ordre géopolitique préexistant.
Une nouvelle théorie a fait son apparition dans les think-tanks de Washington : le projet, qui se donne pour mission de réfléchir aux »changements de régimes » et aux moyens de les provoquer artificiellement. Sous prétexte de la guerre aux dictateurs ou au terrorisme, les deux parfois confondus, et d’attaques préventives pour lutter contre les »états voyous », il s’agira en fait de prendre le contrôle de vastes zones géographiques qui vont du Maroc au Pakistan. Les concepts de »nation building » (remodelage du monde) apparaissent aussi à ce moment. Ce programme sioniste procédera par des »révolutions de couleurs » et des »guerres justes », en réalité de simples coups d’état et guerres d’invasion accomplis avec le soutien d’ONG complices et de plus en plus interventionnistes au nom du »droit d’ingérence », de sorte à placer des hommes liges aux postes de pouvoir et de redessiner les frontières selon les intérêts de l’envahisseur.
Détruire l’ordre des choses existant pour le remplacer par un autre ordre que l’on a défini, voire par l’absence d’ordre tout court, en un mot la »Révolution », telle est donc la méthode de travail du Pouvoir, du Capital, … du mouvement sioniste.
Que le désordre soit un moyen ou une fin en soi, il est troublant d’observer qu’il est ici considéré positivement, à rebours du sens moral commun. Cette capacité à considérer positivement un mal relève d’un profil psychologique qui est celui du sociopathe. Je n’ai pas la compétence pour développer cette piste et je m’en tiendrai à l’aspect géopolitique des choses.
Sous cet angle, comment identifier plus précisément l’auteur du chaos provoqué, l’acteur révolutionnaire par excellence?
En 1997, Zbigniew Brzezinski publiait son livre, sous-titré »American Primacy and Its Geostrategic Imperatives », pour y exposer sans fard un programme néocolonial dirigé contre la zone eurasiatique. On y lit entre autres ce genre de déclaration : »Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique ». Mais Brzezinski était loin d’être isolé et son livre n’est que la partie visible de l’iceberg. En 1998, une publication française résumait la politique étrangère des Etats-Unis, en montrant qu’elle obéissait à un dispositif infiniment plus large que le seul individu Brzezinski. Au travers d’une dizaine d’articles, il a été exposé les tendances les plus agressives et impérialistes des Etats Unis, les tendances isolationnistes étant bien réelles dans le peuple américain, mais malheureusement minoritaires dans les élites.
Les pays de la zone eurasiatique étaient donc prévenus! Les choses étaient ainsi clairement posées: moins de dix ans après la chute de leur rival communiste, les USA s’inscrivaient dans une logique d’expansion globale visant à prendre le contrôle de l’Eurasie.
De son côté, le lobby israélien aux Etats-Unis avait déjà produit en 1996, le manifeste intitulé »A clean break : a new strategy for securing the realm ». Quelques années plus tard, les néoconservateurs sionistes enfonceraient le clou avec un autre texte du même acabit, »Program for a New American Century », le célèbre PNAC et ses espoirs catastrophistes de nouveau Pearl Harbour visant à détourner définitivement les USA de toute tendance isolationniste et à les transformer en une sorte de Golem, au service exclusif des intérêts israéliens.
Point d’orgue de ce coup d’Etat élaboré sur des années, les attentats du 11 Septembre 2001, dont le véritable cerveau semble plutôt être Benjamin Netanyahu que »Photoshop » Ben Laden, et qui devaient permettre à Tel-Aviv de prendre le contrôle de la politique étrangère de Washington par la désignation schmittienne d’un ennemi commun : le »terrorisme islamiste ».
Enfin, à la faveur de la crise syrienne et de la transformation de la France en zone d’influence et parc d’attraction, on vit nettement l’émergence d’un nouvel acteur hyperactif : les pétromonarchies du Golfe persique, Arabie Saoudite et Qatar en tête, nourrissant des projets d’expansion et fourbissant leurs armes depuis longtemps, en attendant d’avoir atteint la taille suffisante pour se lancer dans la bataille contre le monde chiite et ses alliés,… et comme par hasard les américains viennent de donner leur feu vert pour lever l’embargo appliqué depuis quelques années à l’Iran,… drôle de coïncidence !
De cette accumulation de couches et de strates d’intérêts convergents allaient sortir en 2007 les révélations fracassantes du général Wesley Clark, de l’armée américaine, lequel décrivait la feuille de route sioniste dont on lui avait fait part au Pentagone à la fin 2001 : envahir sept pays, nommément l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran, la Somalie et le Soudan. Si l’on récapitule les acteurs du programme sioniste actuel, on en découvre donc trois :
1. L’empire anglo-saxon, déjà existant, élaboré entre Londres pour la branche franc-maçonne et Washington pour la branche WASP;
2. L’empire juif, en gestation depuis la composition de la Torah et l’invention de l’idée d’une race supérieure »élue » pour dominer le monde;
3. L’empire pétro-monarchique sunnite, qui ne rêve que d’en finir avec ses rivaux chiites et nationalistes laïcs arabes (baasistes).
… Et pour finir…
Quel rôle avait à jouer la Tunisie dans tout ce qui se passe autour de nous? Etions-nous manipulés, acculés ou encore engagés contre notre gré et volontairement, pour servir de maillon dans l’exécution du projet sioniste et servir de passerelle pour sombrer dans les profonds ténèbres du chaos? La Libye, l’Egypte, la Syrie, le Yémen et le restant des autres pays arabo-musulmans en attente dans »l’antichambre »?
Quel que soit le scénario retenu, nous, peuple tunisien devrons nous ressaisir, devrons être en mesure de corriger la trajectoire de notre destin, devrons être en mesure de briser le chaos constructeur pour bâtir notre ordre.
Contrairement à ce que pas beaucoup pensent : les grands projets naissent d’idées simples. Notre grand projet est de: BATIR UNE TUNISIE FORTE, INDEPENDANTE ET SOUVERAINE. L’idée simple est tout simplement : COMPTER SUR SOI ET TRAVAILLER.