Pour l’économiste Ezzedine Saidane, la conjoncture économique ne permet pas la création d’une caisse de chômage. Contacté par l’economiste.maghrebin.com, l’économiste explique pourquoi.
Ezzedine Saidane a rappelé que la situation de l’économie tunisienne est très grave car pour la première fois, la Banque centrale de Tunisie annonce une situation de récession : « une économie en situation de récession est une économie qui ne crée pas d’emploi, perd de l’emploi et perds des richesses. Ceci pose maintes questions sur la situation de l’emploi en Tunisie, s’il est entrain de s’aggraver ou de s’améliorer et même si on crée une caisse pour de chômage, cette caisse va accentuer le chômage ».
La deuxième donnée de base évoquée par l’économiste est relative à l’ampleur de l’économie parallèle qui a pris une dimension extrêmement importante et toutes les estimations concernant son pourcentage du PIB tourne autour de 50% du PIB : « ceci veut dire que les données que nous avons sur la situation de l’emploi et sur le taux de chômage ne peuvent pas être des données précises parce qu’il y a certainement plusieurs centaine milliers de tunisiens qui travaille dans l’économie parallèle mais inscrits officiellement comme chômeur » dit-t-il et de s’interroger : « moralement pourrions nous rémunérer un jeune par un salaire alors qu’il travaille dans l’économie hors la loi » s’indigne-t-t-il ?
Revenant sur les budgets de l’état, Ezzedine Saidane a estimé qu’il est en situation grave « puisque nous ne faisons qu’accumuler un déficit hors norme depuis cinq ans et ceci montre bel et bien que l’Etat n’a pas les moyens pour une caisse d’indemnité de chômage » dit-t-il.
« Compte tenu de la situation économique actuelle, une injection d’argent pour financer la caisse d’indemnité de chômage se traduira pas une inflation parce que l’économie n’est pas en mesure de répondre par une accélération de la croissance et de la production. C’est une injection qui crée de l’inflation » affirme-t-il.
Par ailleurs, l’expert a rappelé que l’expérience de la prime Amal s’est soldée par un échec malgré les emprunts fait par la Tunisie auprès de la Banque mondiale pour financer cette caisse. « C’est une expérience catastrophique car elle a crée une distorsion terrible au niveau du marché de l’emploi. Nous sommes arrivés à une situation où plusieurs secteurs de l’économie sont en insuffisance et de l’autre coté des personne en chômage : « dans les régions côtière, il y a un besoin non couvert de 5000 ouvriers et ouvrières pour la récolte de l’olive malgré la crise. Nous avons perdu une partie de notre récolte en tomate à cause de l’inexistence de la main d’œuvre. Malheureusement, l’allocation de chômage est perçue comme un salaire pour une personne en chômage ».
Commentant, la proposition du financement de la caisse de chômage par un prélèvement sur les salaires dans les secteurs privé et public, le spécialiste a indiqué que ce n’est pas une idée soutenable « puisque nous allons prélever sur des salaires qui servent à alimenter la machine économique par la consommation et par l’épargne pour redistribuer sous une forme non productive sur le plan économique » conclut-t-il