Le PDG de la télévision nationale Mustapha Beltaïef a été démis de ses fonctions, et ce, suite au JT de 13h durant lequel a été montrée l’image plus que choquante de la tête de Mabrouk Soltani, le jeune adolescent décapité par les terroristes. En pleine polémique, et pour comprendre ce qui se passe, nous avons joint par téléphone l’ancienne présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens, Néjiba Hamrouni, qui dresse un bilan de la situation actuelle des médias tunisiens, particulièrement la TV nationale.
Selon Néjiba Hamrouni, les médias tunisiens sont venus à bout de l’amateurisme qui a caractérisé la révolution à ce jour, précisant: « A mon avis, quatre ans après la révolution, il est évident qu’au jour d’aujourd’hui, les médias tunisiens doivent se montrer plus professionnels. Mais depuis les trois dernières années, on est dans une logique différente celle de la couverture des événements tragiques, ce n’est donc plus de l’amateurisme. Quand on se trompe, on assume ses responsabilités. Cela dit, concernant le limogeage du PDG pour le remplacer par un autre, cela ne va pas résoudre le problème car le PDG n’est pas fautif, la faute revient à la rédaction, c’est à elle d’assumer les conséquences s’il y a eu faute. J’ajouterais également que dans tout ceci, la direction de la TV nationale n’a aucune responsabilité dans ce qui s’est passé. Et je déplore que la HAICA n’ait pas été informée du limogeage, alors qu’il fallait passer par elle, et non le contraire, quand on veut instaurer un processus de transition démocratique ».
Et de poursuivre: « Nos politiciens doivent se convaincre une fois pour toutes que le service public n’est pas là pour enjoliver leur image. Ce serait contraire à la déontologie du métier. De plus, on a l’impression qu’ils s’imaginent que tout leur est permis et dû. C’est à croire que nos politiciens pensent qu’ils peuvent du jour au lendemain se transformer en journalistes. C’est pour cela que je dis il y a toute une stratégie et un système à revoir ».
Et de conclure : « En définitive, le chemin est encore long aussi bien en ce qui concerne la TV que d’autres médias. Il faut aussi savoir qu’à la télévision nationale, on n’a pas un conseil d’administration, des instances rédactionnelles. Quand je travaillais au SNJT, les experts nationaux et internationaux sont arrivés à la conclusion que la télévision ne changera pas tant qu’il n’y aura pas la volonté de faire bouger les choses, et d’aller de l’avant, pour devenir un média libre et indépendant. Cela dit, ma confiance demeure entière pour l’avenir des médias en Tunisie ».