Plus de quatre ans après la révolution, la Tunisie s’est trouvée dans une phase de déclin sur le plan économique et social. Aujourd’hui, nous assistons à une grève générale du secteur privé. On parle de 164 entreprises à Sfax qui sont concernées. Mais la question que l’on se pose, pourquoi maintenant? Alors que le pays est confronté à des menaces terroristes comme en témoigne l’état d’alerte à l’avenue Habib Bourguiba. Ne faudrait-il pas être unanimes pour renforcer la lutte contre la menace terroriste. Pour mener la guerre contre le terrorisme, le pays a besoin de paix sociale et l’UGTT (l’Union générale tunisienne du travail), et l’Utica (l’Union tunisienne de l’industrie du Commerce et de l’Artisanat), devraient travailler ensemble pour arriver à une stabilité aussi bien sociale qu’économique.
Le gouvernement se trouve face à une situation chaotique, où tout le monde essaie par tous les moyens de chercher une solution afin de dépasser cette crise. Que faut-il faire justement? Y aurait-il des répercussions après?
Joint par téléphone, Hatem Mrad, politologue spécialisé dans les partis politiques, et Professeur de sciences politiques à la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, analyse, sur le plan politique, la situation que traverse le pays.
Pour lui, concernant la grève à Sfax, elle n’aura pas d’impact sur le gouvernement, pour la simple raison que celui-ci a d’autres priorités et doit faire face à de nombreux défis, notamment lutter contre le terrorisme.
Il déclare: « Pour le moment sur le plan politique, il n’y a pas d’impact parce qu’à mon avis, aussi bien l’UGTT que l’Utica doivent faire l’effort d’arriver à un consensus, c’est à dire pour lutter contre le terrorisme, le pays a besoin avant tout de paix sociale. Cela dit, nous nous trouvons en ce moment face à des enjeux majeurs : menace terroriste qui pèse sur le pays, polémique autour du projet de loi sur la Cour constitutionnelle. Et ce, d’autant plus que le gouvernement est en train de travailler sur des sujets de grandes réformes socio-économiques ».
Et de poursuivre : « Certes le gouvernement aimerait bien aider, bien qu’on ait vu son implication au cours des négociations dans le secteur public, mais dans le secteur privé, il n’interfère pas. Cependant la personne qui joue l’arbitre entre ces deux institutions, n’est autre que le président de la République. Quand il y a un problème que ce soit de l’un ou de l’autre, visiblement les deux vont voir directement Béji Caïed Essebsi, et non pas le Chef du gouvernement ».
Et de continuer : « Mais il y a une chose qu’il faut bien se rappeler que la nature de notre régime est semi-parlementaire, c’est à dire qu’avec ce régime, le président de la République a une autorité morale parce qu’il est loin de la politique, ce qui n’est pas le cas. Mais la personne qui aurait due intervenir, c’est le Chef du gouvernement ».
Et d’ajouter: « La preuve, depuis le mois de septembre on parle de négociations dans le secteur privé, elles n’ont pas encore abouti, parce que le gouvernement s’est mis à l’écart. »
Et de conclure: « Il faut dire que le gouvernement n’a pas d’argent dans ses caisses, c’est pour cela qu’il préfère garder le silence, c’est tout ce qu’il peut faire. Le pays vivra à crédit durant les prochaines années. Vous savez ce qu’on a fait, on a emprunté auprès du Fonds monétaire international (FMI) ainsi que d’autres, et ce, dans le but de gérer les augmentations de salaires et rien d’autre. ».