Prenons la juste mesure de la déclaration d’un citoyen d’une région déshéritée : » On n’attend rien des politiciens. On ne les voit que lors des campagnes électorales. Après quoi, ils se consacrent à la course aux fauteuils les plus juteux ». Ce verdict sans appel on peut l’entendre à travers toutes les régions déshéritées du pays. Cette perte de crédibilité des politiques, c’est « la revanche des territoires », les zones marginalisées, qui font entendre leur cri de détresse. Il est évident que la reconquête de la confiance des citoyens laissés-pour-compte et marginalisés passe par le terrain.
Prenant ses distances par rapport aux problèmes du pays (chômage, précarité, insécurité), Nida Tounes vit un vaudeville ou plutôt un psychodrame. Les observateurs évoquent l’escalade de ce drame en trois actes : la réunion de Jerba (17 octobre) qui a lancé le mot d’ordre de la sortie des rangs, le blocage de la réunion du bureau exécutif, par le recours à une milice, le 1er novembre, puis la remise en cause de l’équipe dirigeante. La démission annoncée puis reportée de trente- deux de ses députés, bénéficiaires uniques d’élections populaires, aurait dû inciter les protagonistes à effectuer un retour aux normes.
Mais au-delà de la guerre des personnes en coulisses, de ce bal des ego, en dépit de l’absence d’un corpus doctrinaire, le conflit oppose l’establishment soucieux d’organiser un congrès électoral et les contestataires voulant faire valoir un accord préalable sans confrontation électorale. La transgression de l’esprit Nida Tounes inquiète ses adhérents. Les discussions entre les protagonistes continuent. Mais personne ne se hasarde à imaginer une quelconque « divine surprise ». Mais les prochaines échéances électorales municipales constitueront l’épreuve maîtresse pour Nida Tounes, en cas de triomphe de la dérive.
En protestant ouvertement, les élus du Front Populaire n’ont fait que relayer les inquiétudes de leurs électeurs. Pouvaient-ils constituer une alternative aux modernistes libéraux, alors qu’ils ne partagent pas la même idéologie ? Ennahdha, à l’écoute des aléas de Nida Tounes, prépare ses prochaines élections. Mais l’observateur averti constate avec amertume l’échec patent de toutes les formations post-14 janvier, qu’elles soient au pouvoir ou dans l’opposition.