Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Samir Cheffi, l’économiste Ezzedine Saïdane et le président de la commission des affaires sociales à l’UTICA, Khalil Ghariani étaient les invités de Ness Nesma pour parler des négociations sociales dans le secteur privé et des grèves. L’émission a coïncidée avec la grève générale décrétée au gouvernorat de Sfax.
Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Samir Cheffi a déclaré qu’il est hors de question que le peuple tunisien continue à supporter la précarité et la pauvreté de génération en génération. Dans le même contexte, le syndicaliste a estimé qu’un salaire décent ne peut pas être au dessous de 750 dinars d’après des spécialistes qu’il a cité : « plusieurs spécialistes en économie ont affirmé que le SMIG en Tunisie doit atteindre 750 dinars ». Sami Cheffi a indiqué que le SMIG ne dépasse pas les 350 dinars. Se référant aux SMIG de quelques secteurs, il a affirmé que le SMIG au secteur du textile tourne autour de 416 dinars bruts, dans le secteur des cuirs et chaussures, il est de 360 dinars. Par ailleurs, il a signalé l’existence d’inégalités sociales : « de nos jours, certains sont payé 150 mille dinars et d’autres sont payés 150 dinars » indique-t-il.
L’économiste Ezzedine Saïdane a , quant à lui, rappelé que dans un contexte économique difficile, toute augmentation salariale se transforme automatiquement en une inflation. Pour argumenter ses propos, il a rappelé qu’en 2010, la masse salariale de la fonction publique coûtait à l’Etat 3,6 MD pour atteindre 13MD en 2013. « La situation du fonctionnaire de l’Etat c’est-elle améliorée ? D’ailleurs, un grande partie de l’inflation dans le pays est due aux augmentations salariales dans le secteur privé et dans la fonction publique sans qu’il y ait une amélioration de la production ou de la productivité au retour » remarque-t-il.
Par ailleurs, l’économiste a indiqué que de nos jours on parle d’augmentations salariales pour ceux qui ont déjà un emploi tout en ignorant les chômeurs et ceux qui souffrent de la pauvreté : « en Tunisie, nous avons 2 millions de personnes qui vivent sous le joug de la pauvreté et qui ne sont pas concernées par les augmentations salariales ».
L’économiste a rappelé que le taux de croissance de 2015 était négatif. « Les trois paramètres de la croissance sont en faille : la consommation ne fonctionne pas à cause d’un pouvoir d’achat faible, l’exportation passe par une période de crise à cause d’un déficit commercial et l’investissement a connu une régression considérable » S’inquiète-il .
Pour lui, la solution demeure le sauvetage de l’économie « et cela ne se fera qu’à travers l’investissement » affirme-t-il. Commentant les répercussions de la grève, l’économiste a indiqué que les grèves bloquent la production tout en indiquant que toute grève engendre des pertes ce qui contribue à la chute du taux de croissance à moyen terme et la fuite des investisseurs à long terme.
Le président de la commission des affaires sociales à l’UTICA, Khalil Ghariani, quant à lui, a indiqué que l’UTICA demeure partante pour le dialogue et le fait qu’elle ait accepté le principe des augmentations salariales le montre bel et bien. Cependant la problématique réside dans le « comment déterminer le taux des augmentations salariales ». Il a déclaré que lors des négociations, la délégation de l’UGTT a refusé de prendre en considération la situation économique du pays. Khalil Ghariani a souligné l’importance de l’instauration de la paix sociale comme solution permettant la relance de l’économie et de la production. « D’une part l’UGTT reconnait l’existence d’un contexte économique difficile et d’autre part elle tient à un taux d’augmentation salariale de 12% » s’interroge-t-il et de rappeler que les augmentations salariales ne sont pas une solution efficace pour les problèmes des ouvriers surtout que les augmentations se font chaque année.