Quel est l’intérêt pour le citoyen d’aller voter aux élections municipales? Après les élections, qu’est ce qui changera dans les communes, villes, villages? Parler des élections municipales, du droit de vote, du mode de scrutin, des conseils régionaux, bref, l’idée est loin de faire l’unanimité chez les Tunisiens. Tout l’enjeu de ce débat est de savoir quelle vision de la Tunisie est en projet : un pays développé ou un pays en voie de développement. En définitive, une Tunisie qui s’en sort bien. Mais pour y arriver, quels sont les ingrédients de la réussite?
Depuis quelques semaines le projet de loi sur les collectivités locales et les élections municipales fait parler de lui. C’est une occasion pour les organisations de la société civile- Kolna Tounes, Atide, L’Action associative et Tounes bledna- de proposer leur analyse, lors d’une conférence de presse tenue, mardi 24 novembre, dans un hôtel de capitale.
Pour elles, il s’agit d’un projet qui manque de clarté et de précision, et par dessus tout qui ne garantit en aucun cas la représentativité politique pour les conseils municipaux élus, encore moins de disposer de mécanismes efficaces pour la participation aux prises de décisions.
Il faut accélérer la communalisation intégrale de l’ensemble du territoire tunisien, ce qui permettra d’élargir au moindre coût les services municipaux à tous les citoyens, c’est ce qu’ont annoncé les organisateurs de la conférence de presse. Les associations partenaires proposent la création de « communautés urbaines« , qui regroupent un certain nombre de municipalités dans les grandes agglomérations, lesquelles auront une réelle cohérence pour les plans d’aménagement et pour la réalisation des économies d’échelle au niveau des dépenses municipales.
« Il faut que nous ayons une vision claire concernant ce projet de loi, savoir qui fait quoi », c’est ce qu’a indiqué Moez Attia, président de l’association Kolna Tounes.
De son coté, le président de l’association Atide, Moez Bouraoui, a tiré la sonnette d’alarme concernant le découpage territorial tunisien, comme l’exemple de Kasserine qui sera divisé en trois sous délégations.
Moez Attia ajoute: « Il n’y a aucune vision claire quand on parle de compétence des communes locales, ou encore des compétences requises pour les municipalités, plus encore pour les conseils régionaux. On craint malheureusement une interférence des compétences, qui engendrera des problèmes de spécificité, de gestion du territoire et de gouvernance locale ».
Et de poursuivre: « Il faut comprendre qu’un problème parmi d’autres, c’est qu’il n’y a pas de loi parallèle qui accompagne ce projet de loi, ce qu’on appelle des lois programmes dans le but d’avoir une stratégie. Cela dit, on s’interroge: quelles seront les compétences attribuées aux conseils municipaux, aux conseils régionaux? Comment va-t-on gérer tout ce qui est fiscalité locale? Parce qu’il se trouve qu’on est confronté à un manque d’une bonne gestion du territoire ».
Interrogé sur l’intérêt du découpage territorial, il a déclaré qu’il ne peut être qu’une solution ponctuelle au déblocage de la situation, précisant: « Dans la mesure où on compte organiser des élections municipales dans un proche délai ».
Et de continuer: « Mais cela ne peut pas être une solution durable, parce que réellement, nous avons besoin de faire une révision du découpage territorial, que ce soit pour les municipalités ou pour les régions, et ceci en conformité avec la Constitution qui annonce clairement: « Tout le territoire tunisien doit être un territoire municipal », ce qui n’était pas le cas avant. Notre vision avec les autres associations, est de créer différentes catégories de municipalités rurales, urbaines, etc ».
Mais quand on parle d’une démocratie locale, on parle du droit des citoyens à choisir leurs propres politiques de développement, et de s’orienter vers la bonne gouvernance, tout en respectant l’autonomie administrative des collectivités locales et en limitant le contrôle exercé par le gouverneur.