Le débat est relancé sur le projet de loi de finances 2016. Lors des discussions ce matin en séance plénière à l’ARP, malgré les différences idéologiques, les députés partageaient quelques points de vue : l’incapacité de cette loi à lutter contre l’évasion fiscale, le fait que le ministère de la Culture soit un des laissés-pour-compte de ce budget et la nécessité de rationaliser l’endettement.
Sahbi Atig, député d’Ennahdha, estime qu’étant donné que le pays est en guerre contre le terrorisme, il faut renforcer le consensus, avoir le sens de la responsabilité et ne pas faire de surenchères. Pour lui, la lutte contre le terrorisme doit se traduire dans le budget alloué pour le ministère de l’Education, le ministère de la Culture et le ministère des Affaires religieuses. Critiquant le projet de loi, il a indiqué qu’il soutient les riches étant donné qu’il contient l’annulation des recrutements au sein de la Fonction publique et l’augmentation des prix des matières premières.
En rapport avec la lutte contre le terrorisme, le député de Nidaa Tounes Imed Ouled Jebril a, quant à lui, indiqué que le budget ne traduit pas une volonté de lutter contre le terrorisme, mais bien au contraire puisqu’il consacre 0.7% au ministère de la Culture et 1,9% à celui de la Jeunesse. Cet avis est partagé par plusieurs députés.
Le député Bechir Lazzem ( Ennahdha ) a estimé que le pays a besoin de 700 MD pour lutter contre la pauvreté annuellement.
Ammar Amroussia du Front Populaire a indiqué que la justice sociale est le mot d’ordre. Le mot «marginalisation» a été cité plusieurs fois. Dans ce sens, la députée Leila Oueslati ( Mouvement Ennahda ) s’est interrogée sur les raisons pour lesquelles le commerce parallèle n’a pas été encore réglementé.
Les mesures de ce projet de loi de finances ne permettent pas de lutter contre l’évasion fiscale indique Ikram Moulehi de Nidaa Tounes.
Hédi Soula ( Ennahdha ), président de la commission de l’agriculture, a quant à lui indiqué que l’endettement menace l’équilibre financier du pays, surtout au vu de la masse salariale, et a recommandé d’orienter l’endettement public vers l’investissement et non pas vers la consommation.
Jamila Jouini du mouvement Ennahdha a constaté une régression des dépenses de développement et a indiqué que le montant alloué à la relance des projets suspendus est inférieur à celui accordé aux nouveaux projets.
Asma Abou El Hana ( Nidaa Tounes ) est intervenue pour demander de revoir les recrutements sur la base de l’amnistie générale et a plaidé pour le recrutement des diplômés de l’enseignement supérieur «afin que le pays bénéficie de leurs compétences», indique-t-elle. Monia Brahim du même parti a indiqué que le renforcement du budget du ministère de la Défense et du ministère de l’Intérieur est une priorité.
Taoufik Jemli ( UPL ), membre de la commission des libertés et des droits, a estimé quant à lui que le budget n’est pas équilibré étant donné qu’il a gelé les recrutements pendant deux ans. «Nous n’avons pas trouvé une stratégie de lutte claire de la part du ministère des Affaires religieuses contre les idées extrémistes de nos jeunes», indique-t-il.