Comprendre, analyser, connaître les causes du terrorisme, ses origines, sa nature. Comprendre ce phénomène qui menace le monde. Faire face au danger. Pour y arriver, il faut lutter ensemble contre le terrorisme, c’est l’analyse faite par la majeure partie des chercheurs politiques.
Jamil Sayah, professeur de droit public à l’université de Grenoble, déclare: «Pour lutter contre le terrorisme, il faut lutter contre le concept même du terrorisme. Il faut savoir qui sont ces terroristes? Ce sont des gens laissés pour compte et qui se sont radicalisés. Cela dit la radicalisation n’est pas une nouveauté dans le monde».
Il poursuit: «Mais ce qui est nouveau en Tunisie, c’est la salafisation de la radicalité, parce que ces personnes appartiennent à la troisième génération du terrorisme, avec un mépris marqué des autres, c’est ce qu’on appelle une identité salafiste».
Comment lutter contre le terrorisme?
«Je pense que de toutes les manières il est trop tard et que c’est trop peu, car il faut penser à une stratégie de lutte contre le terrorisme, une mobilisation nationale. Il faut aussi que notre diplomatie se mobilise au lieu de ne faire que le constat qu’il y a Daech chez nous. Vous savez, on ne va plus entendre parler de la présence de Daech en Syrie d’ici deux à trois mois, mais le problème ne sera pas résolu pour autant. Daech sera au Yémen ou en Libye», estime-t-il.
Interrogé sur les mesures prises par le Chef du gouvernement Habib Essid, concernant la fermeture de la frontière avec la Libye, il juge cette mesure inefficace précisant que ce sont «les Occidentaux qui nous ont mis dans la situation libyenne, c’est à eux donc de régler le problème de la Libye et c’est à la diplomatie tunisienne de faire le lien avec les deux parties».
De son côté, Nabil Smida, chercheur politique, à l’Observatoire tunisien de la sécurité globale ( OTSG ), indique que ces mesures manquent de profondeur, en soulignant: «Je pense que nous devrons repenser notre stratégie de lutte contre le terrorisme, au niveau global, tactique, et ceci sur le long terme, nous devons renforcer les capacités de nos institutions».
A propos de la fermeture immédiate de nos frontières avec la Libye, du recrutement de 6000 agents supplémentaires et du renforcement du fonds spécial de lutte contre le terrorisme, il déclare que cela n’est pas suffisant, précisant : «Nous sommes dans une situation de guerre contre le terrorisme. A mon avis, la réponse doit être globale, il faut mobiliser les ressources humaines, il faut créer des comités de réflexion, faire des propositions, engager des jeunes chercheurs, des sociologues, des philosophes pour trouver des solutions. Il y a aussi la société civile qui doit jouer un rôle important pour changer notre manière de faire».
«Je pense que parmi les défauts majeurs de l’Etat tunisien il y a le facteur temps qui est mis en cause. Il faut anticiper, et non réagir trop tard. Ceci nécessite aujourd’hui de l’urgence dans la réactivité, de la célérité et surtout des réponses rapides».
Plus de quatre ans après la révolution, la Tunisie fait face à plusieurs défis, sur le plan politique, économique, social, mais la question de la lutte contre le terrorisme reste l’enjeu majeur et il faut mener la guerre contre ce fléau.