« Les pays comme l’Égypte ou l’Algérie vaincront, sans aucun doute, la menace terroriste depuis le territoire libyen. Il est possible que les problèmes les plus sérieux surgissent en Tunisie, … .’’, dixit Constantine Sivkov, président de l’Académie Russe des Sciences Géopolitiques.
Les défaites subies récemment par les groupes terroristes Daech et Al-Nosra en Syrie et en Irak obligent leurs mercenaires survivants à chercher refuge dans d’autres pays, lorsque cela leur est possible. Or, quel meilleur pays que la Libye pour leur offrir une base de repli et de ressourcement ? A l’inverse de la Syrie, la Libye a été vite détruite par l’OTAN et livrée ‘’pieds et poings liés’’ aux milices terroristes. De Libye, ces milices professionnelles peuvent être facilement lancées contre la Tunisie ; l’Égypte et l’Algérie qui restent l’objectif ultime des appétits de l’empire anglo-sioniste. Le maillon faible de ces trois pays, la Tunisie, se confirme être la première cible.
Depuis mars dernier, la Tunisie fait face à des attaques terroristes dont celle du Musée du Bardo à Tunis qui a coûté la vie à 22 personnes et celle de Sousse, en juin dernier, où 38 touristes ont perdu la vie.
Mardi 24 novembre 2015, une explosion a eu lieu sur l’avenue Mohamed V, une artère très fréquentée, visant un bus transportant des agents de la Garde présidentielle … Bilan : 12 martyrs et 17 blessés. La Tunisie, qui venait à peine de se relever de ces attaques, replonge dans un climat politico-social tendu, un mois après la remise du Prix Nobel de la Paix.
Le fanatique craint la démocratie comme le vampire la lumière du jour
La démocratie, c’est non seulement la tolérance, mais aussi, par essence, la fin des certitudes, des vérités révélées et éternelles. Toutes ces valeurs sont, de toute évidence, aux antipodes du credo porté par les terroristes, quelle que soit leur obédience. Or, la Tunisie d’aujourd’hui est une démocratie et JAMAIS elle ne reviendra sur ses pas.
Au rythme où vont les choses, nous pouvons être sceptiques quant à notre capacité à freiner la machine à tuer des terroristes. D’abord, les terroristes aiment qu’on leur lance des défis ; on se souvient en effet, que suite aux attaques du Bardo et de la plage à Sousse, le gouvernement avait bandé les muscles pour rassurer les Tunisiens que la terreur allait changer de camp. Dans la foulée, il avait pris des mesures draconiennes dont l’état d’urgence, pour casser le terrorisme.
L’évaluation de cet engagement ferme et martial peut être faite à l’aune de l’attentat dont ont été victimes nos martyrs de la Garde présidentielle. Cet engagement est loin d’avoir atteint les effets escomptés. Plus que jamais, il faut que nous soyons convaincus que le terrorisme se porte malheureusement à merveille. Il faut être aussi convaincu que dès lors que les terroristes prennent pied dans un pays, les en déloger relève d’une mission difficile, … mais possible, sous réserve que les efforts de tous se conjuguent.
Car ils sont partout et nulle part. Et chacun est susceptible d’en être un. Le voisin, l’oncle, le muezzin du quartier, bref, le citoyen le plus insoupçonnable peut être un terroriste sous des dehors d’ange. La troisième et dernière raison qui justifie ma réaction est liée au fait que les Etats démocratiques éprouvent plus de difficultés à traquer les terroristes que les Etats totalitaires.
La raison est que les premiers sont obligés d’intégrer dans leur riposte les libertés individuelles. Ce qui fait l’affaire des terroristes qui se servent de cette valeur cardinale de la démocratie pour bafouer la liberté des autres. Les Etats totalitaires qui ne se font aucun scrupule en matière de violation des libertés individuelles, ont plus de succès dans la lutte contre le terrorisme.
De ce point de vue, la tentation est forte de se poser la question suivante : faut-il apprendre à vivre avec la peur terroriste ?
De ce qui précède, on peut répondre par l’affirmative tout en recommandant de ne pas baisser les bras, d’oublier nos différends, s’unir, épauler et soutenir nos forces de l’ordre et notre armée pour éradiquer le terrorisme. On peut suggérer, pour réduire le terrorisme, que notre démocratie intègre dans la législation des mesures qui concilient le respect des libertés individuelles et les exigences commandées par la lutte contre la plus grande terreur de ce début du siècle, … mais la sécurité de notre pays, du peuple et de l’Etat doit passer en priorité. A cela, il faut ajouter l’union sacrée et inclusive de tous les citoyens tunisiens qui en sont victimes et apporter des réponses concrètes aux besoins existentiels des populations en termes de santé, de logement et de travail décent.
Je me permets d’apporter quelques suggestions au sujet des dernières mesures prises par l’Etat, parmi lesquelles je citerais la fermeture de nos frontières avec la Libye et un contrôle plus rigoureux des revenants de la Syrie, des 149 personnes soupçonnées de terrorisme et des étrangers. Ces mesures sont les bienvenues, mais doivent être accompagnées par une évaluation globale de la situation sécuritaire et géopolitique qui nous entoure donnant suite à l’élaboration d’un plan d’action national.
Une autre mesure impérative s’impose, celle de suspendre le trafic aérien entre la Tunisie et la Libye, jusqu’au rétablissement des mesures et des procédures de sûreté et de sécurité aéroportuaire dans les aéroports libyens. La situation prévalant en Libye n’exclut pas l’utilisation des avions libyens dans un attentat terroriste contre notre pays.
Aussi, nous devons nous préparer à une recrudescence des actes terroristes en Tunisie pour la simple raison que l’organisation terroriste Daech basée en Libye pourrait percevoir la fermeture de nos frontières comme une attaque envers leur »consistance étatique » et s’engager massivement dans des attentats terroristes aveugles.
Avec l’aide de Dieu, nous allons vaincre le terrorisme.