Alors que la Russie vient d’annoncer le boycott des produits agricoles turcs, sur fond de tensions politiques avec Ankara, Moscou veut se tourner encore plus vers le Maroc en ce qui concerne ses importations de clémentines. Conséquence de cette décision, une montée en flèche du prix des agrumes marocains sur le marché russe.
Mais du côté de Rabat, rappelle notre confrère Ecofin, on garde la tête froide et on se refuse à céder à ce qui pourrait n’être qu’un mirage en expédiant plus de fruits vers la Russie. Ce choix, celui de la prudence, s’explique par la nature du marché russe qui applique le principe de la consignation : dans ce système où les prix ne sont connus qu’en fin de saison, le Maroc risque de voir les prix s’écrouler si Moscou venait à changer sa posture actuelle.
Mais l’option marocaine représente également le triomphe de l’effort de coordination engagé par les acteurs de la filière agrumes depuis l’an dernier. En effet, toute la chaîne de valeur des agrumes du royaume s’est réorganisée l’an dernier afin d’exercer un meilleur contrôle sur les exportations et de réduire l’exposition de la filière aux risques liés aux fluctuations des prix de la denrée. Résultat: les exportations marocaines vers la Russie sont de 100 000 tonnes fin novembre contre 65 000 tonnes l’an dernier. En outre, les prix moyens des agrumes marocains ont connu une forte progression. La Russie perd progressivement sa prédominance comme débouché pour les exportations du royaume. En effet, Moscou n’absorbe plus que 30 à 40% de la production du Maroc contre 60% l’année écoulée.