En Algérie, le projet de loi de finances 2016 a été adopté, hier lundi 30 novembre, à la majorité, par l’Assemblée populaire nationale ( APN ) lors d’une houleuse séance plénière qui a donné lieu à des altercations entre des députés de l’opposition et certains de leurs collègues de la majorité FLN.
Les parlementaires du Front des forces socialistes ( FFS ), du Parti des travailleurs ( PT ), de l’Alliance de l’Algérie verte ( AAV ) et du Front de la justice et de développement ( FJD ) ont vivement réagi au texte en estimant que la LF 2016 consacre « la privatisation de l’Etat après celle du pouvoir ».
Munis de pancartes, témoigne Jeune Afrique, des députés de l’opposition ont tenté, dans la matinée, d’empêcher l’adoption de ce texte qui a eu le soutien des parlementaires du FLN et ceux du RND ( Rassemblement national démocratique ). Des empoignades ainsi que de vifs échanges verbaux ont émaillé le début de la séance filmée par des caméras des chaînes privées et vite relayée sur les réseaux sociaux. Des agents de sécurité de l’hémicycle ont dû intervenir pour tenter de ramener le calme.
Les députés de l’opposition accusent le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, absent de l’hémicycle, de servir les hommes d’affaires et « l’oligarchie » qui gravitent autour du cercle présidentiel.
Elaboré sur la base d’un prix de référence du baril de pétrole de 37 dollars et d’un taux de change de 98 dinars algériens pour un dollar, la loi de finances 2016 prévoit des dépenses globales de 7 984,1 milliards dinars (environ 68,49 milliards d’euros) contre 4 747,43 milliards de dinars de recettes (environ 40,72 milliards d’euros).
L’Algérie est frappée de plein fouet par la chute des cours du pétrole qui constituent avec le gaz 98 % de ces recettes en devises. Le gouvernement prévoit une baisse très nette des recettes en devises en raison justement de la persistance de la baisse des cours de l’or noir. « Les recettes pétrolières atteindront 26,4 milliards de dollars en 2016 contre 33,8 milliards à la clôture de l’année en cours », indique le gouvernement.
Cette crise économique affecte également les réserves de change du pays. Selon les mêmes prévisions, ce bas de laine fonderait à la fin de l’année prochaine pour atteindre 121 milliards de dollars contre 151 milliards en décembre 2015. De quoi assurer à l’Algérie 23 mois d’importations.