Une journée de sensibilisation et d’information sur les violences faites aux femmes a été organisée à l’initiative de l’ONU femmes, en partenariat avec le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA) et le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), des organisations de la société civile et organismes gouvernementaux, le samedi 05 décembre 2015 au Centre Culturel d’El Menzah 6, à Tunis.
L’événement a été une occasion pour le grand public de découvrir les efforts par la société civile, et des institutions publiques tunisiennes et internationales en matière de lutte contre la violence envers la femme. A cet effet, les organisations partenaires ont présenté les services offerts aux femmes qui ont survécu à la violence.
Des services qui se résument souvent à quelques volets : écoute active , soutien psychologique , aide juridique et réhabilitation socio-économique des femmes victimes de violence.
A la question : « Concrètement que faire en cas de violence, et vers qui se diriger en priorité ? », il n’y a pas de réponse claire. Il suffit seulement de vérifier par une simple recherche sur internet. Si l’on tape les mots-clés : « violence, femme, Tunisie », aucun numéro de téléphone n’apparaît , pas de portail dédié à ce sujet, seulement un méli-mélo de sites regroupant enquêtes, textes de loi et articles de presse. Un comble lorsque l’on sait que 47,6% des femmes tunisiennes ont été victimes de violence.
L’Enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes en Tunisie (ENVEFT, 2010) montre que le seul recours possible pour les femmes victimes de violence demeure la famille. Les ONG ne sont citées que par 5.4% des femmes. La police et les structures de santé sont très peu identifiées par les femmes, soit respectivement 3.6% et 2.3% des cas. A défaut d’une information claire qui les oriente vers les structures d’aide, les femmes victimes de violence s’en remettent au bouche-à-oreille.
Pourquoi un tel manque de visibilité ? Pour être visible il faut se donner les moyens, or la réalité est marquée par le manque de financement, et les difficultés administratives, obligeant à titre d’exemple certaines ONG à abandonner l’idée de se doter d’un simple numéro vert.
Dans un pays doté d’une Constitution avant-gardiste où la dignité est le maître-mot, il n’y a qu’un seul centre d’hébergement pour femmes victimes de violence sur tout le territoire tunisien.
La société civile tunisienne est en somme pleine de bonne volonté, mais se heurte à un manque d’investissement politique, et est délaissée par des bailleurs de fonds qui préfèrent placer leur argent dans le football…
La femme tunisienne leader en matière de respect de ses propres droits ? Un mythe qu’il est pourtant possible de transformer en réalité.