Le politologue tunisien, Riadh Sidaoui, a affirmé dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que le Prix Nobel de la Paix décerné au Quartet est une récompense assez importante sur le plan symbolique. « Il donne une valeur symbolique à la démocratie tunisienne embryonnaire car elle est exceptionnelle dans le monde arabe. D’ailleurs, c’est la seule qui fonctionne malgré le terrorisme et la crise économique », indique-t-il.
D’après le spécialiste, la démocratie tunisienne demeure une lumière dans un monde arabe déchiré par les guerres civiles : « Quand on voit ce qui se passe dans les autres pays qui ont connu le printemps arabe, nous pouvons dire que la Tunisie fait l’exception. Raison pour laquelle je dis que c’est une victoire symbolique, pas plus » ajoute-t-il.
Expliquant son point de vue, Riadh Sidaoui a indiqué qu’au niveau économique, la Tunisie n’a pas reçu d’aides importantes : « Juste après la révolution, je me rappelle avoir dit que la Tunisie a besoin d’un plan Marshall et d’aides pour la relance économique sauf que le pays n’a rien reçu de la part de l’Union européenne et des États-Unis à l’exception des miettes qui ne peuvent pas changer la donne économique pour la simple raison que l’Union européenne a ses propres problèmes. Quant aux États-Unis, ils ne donnent pas d’argent frais».
« Oui le Prix Nobel est porteur d’espoir et une victoire symbolique mais nous ne voyons pas une récompense économique de la part de l’Union européenne. Auparavant, l’Union européenne liait l’aide économique aux avancées de la démocratie en Tunisie. Aujourd’hui, la Tunisie est un pays libre et démocrate et la liberté d’expression dont nous jouissons nous ne la retrouvons pas même pas dans un certain nombre de pays de l’Union européenne et je sais de quoi je parle. Mais malheureusement nous sommes mal récompensés. » insiste-t-il.
Dans la même perspective, Riadh Sidaoui a recommandé d’adopter « la dynamique interne des sociétés », autrement dit montrer au monde que nous sommes un exemple en soi et que nous n’avons de leçon à recevoir de personne, ni calquer les expériences d’autres pays, et ce, à travers une réflexion collective entre l’élite du pays afin de sortir de l’impasse. D’après le spécialiste, le modèle devrait reposer sur trois axes :
- La démocratie sociale : autrement dit, prôner le modèle de l’Etat providence qui opte pour la paix sociale entre toutes les catégories du peuple et entre tous les partis politiques,
- La démocratie locale : pratiquer la démocratie locale par le fait d’élire des délégués et les maires,
- Un gouvernement de coalition : qui regroupe tous les partis politiques représentés au Parlement (opposition et gouvernement) à l’instar du gouvernement suisse qui date de 1959.
Interpellé sur sa lecture du problème entre l’UTICA et l’UGTT, le politologue a indiqué qu’un problème pareil montre bel et bien l’existence d’une déchirure entre les deux protagonistes et qu’il n’ y a pas une paix sociale au niveau économique pour le moment en Tunisie.