Où en sommes-nous quant à la restitution des biens mal acquis ? Quatre ans après la révolution, l’une des priorités des Tunisiens visait la récupération de l’argent spolié durant le règne de Ben Ali. Mais voilà, les choses commencent à peine à bouger entre les autorités suisses et tunisiennes.
En effet, une offre suisse vient d’être soumise à la Tunisie, à savoir le déblocage de 60 millions de francs suisses qui seraient versés en deux tranches : 40 millions et 20 millions FS. Toutefois, cette offre est liée à des conditions à tout le moins surprenantes : les autorités suisses concernées prétendent que la Tunisie s’engage à considérer ce déblocage comme un arrangement amiable et non négociable et par conséquent, toute éventuelle requête de récupération d’autres avoirs déposée par les autorités tunisiennes auprès de la Suisse sera considérée nulle et non avenue. Last but not least, les autorités suisses prétendent que la Tunisie présente un plan de gestion des avoirs qui lui seront restitués. Autrement dit, la Suisse prétend que la Tunisie déclare noir sur blanc de quelle manière elle compte dépenser les fonds qui lui seront retournés !
L’organisation I watch, à travers son directeur exécutif, Mouheb Garoui, s’insurge et met en garde les autorités tunisiennes en déclarant que la proposition suisse entend empêcher à l’avenir la Tunisie de récupérer ce qui lui est dû.
Il ajoute : “Du côté du gouvernement, les représentants du ministère de la Justice ont déclaré leur intention d’accepter l’offre. Personnellement, je trouve la proposition des autorités suisses inadmissible parce que cela sous-entend que le reste des avoirs spoliés hébergés par la Suisse est de loin plus consistant que la somme qu’elle entend débloquer en faveur de la Tunisie. »
“Et le comble, les autorités suisses prétendent qu’on leur dise comment on va dépenser cet argent ! Insensé, ubuesque ! », proteste-t-il.
Il poursuit: “ Si pour les autorités tunisiennes et certains politiciens « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » et que ce déblocage représente une petite victoire, pour le peuple tunisien la proposition suisse est non seulement offensante mais elle sonne le glas de toute possibilité de connaître la vérité sur le montant réel des avoirs hébergés en Suisse ”.
Interrogé sur le montant exact des biens détournés, il a répondu: “ Personne ne le sait, même du côté Suisse, ils n’ont même pas fait l’effort d’ouvrir une enquête pénale dans ce sens ».