L’Instance Vérité et Dignité a dressé un bilan de la situation actuelle lors d’une conférence de presse, ce mercredi 16 décembre, au siège de l’instance. L’IVD, à un an de l’ouverture de ses portes au public, a enregistré plus de 22 mille plaintes, et a ouvert quatre bureaux à Gafsa, Kasserine, Sidi Bouzid et Sfax inaugurés l’été dernier.
Rencontrée à cette occasion, la présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine, déclare: « Nous sommes en train d’ouvrir cinq autres, à Gabès, Médenine, Sousse, Le Kef et Jendouba. Nous avons décidé de mettre en marche ce qu’on appelle des unités mobiles, qui ont commencé à travailler. Ce sont des unités d’audition à huis clos qui se font à domicile chez certaines victimes, à savoir les personnes âgées, les femmes victimes de violence sexuelles pour éviter d’être exposées au regard dans les bureaux ».
Dans la plupart des cas, les victimes sont des femmes. Elle poursuit : « Concernant les femmes, nous avons enregistré une légère hausse du nombre des victimes femmes. Au départ, nous étions à 10%, maintenant nous sommes à 17%. C’est en deçà de la réalité de la situation victimaire féminine. Beaucoup de femmes considèrent que le statut de victime est lié à la prison. Or grâce à la sensibilisation qui a été faite par les médias, les associations de la société civile, elles ont pu découvrir que le statut de victime couvre l’ensemble des violations prévues par les conventions internationales. Et quand on recueille leur témoignage, il y a 150 questions pour quantifier et mesurer l’ensemble de ces violations commises à leur encontre ».
Interrogée sur les réparations, elle répond: « Il y a un grand débat, les attentes d’une victime sont infinies, parce qu’une violation grave et massive n’est jamais réparable à cent pour cent. Ce qui est possible, c’est l’apaisement que nous recherchons, par la reconnaissance du fait victimaire, et surtout de la part de l’auteur de la violation. Vous savez, parfois ça tient à un mot, et la réconciliation peut se produire. C’est ce qu’on appelle la justice transitionnelle, une justice réparatrice et non une justice de sanction. C’est cela notre rôle ».