« Le cours de l’Histoire de la Tunisie s’est brusquement accéléré le 17 décembre 2010, jour où Mohamed Bouazizi, un marchand ambulant à Sidi Bouzid, s’est immolé par le feu », écrit notre confrère algérien Al Moujahid, pour célébrer le 5ème anniversaire du déclenchement de la Révolution tunisienne. « Le soulèvement populaire, auquel ce geste de désespoir a donné lieu, a précipité la chute, le 14 janvier 2011, du régime de Zine El Abidine Ben Ali. Depuis, de profonds bouleversements sociopolitiques ont marqué le pays. Mais la période post-révolution n’aura pas été de tout repos pour les Tunisiens », analyse le quotidien algérien.
« L’islamisation voulue par Ennahda n’a pas pris racine. Au cours de ces cinq dernières années le pays s’est doté, en 2014, d’une nouvelle Constitution, a organisé des législatives, remportées par Nidaa Tounes devant Ennahda et a élu au suffrage universel Béji Caïd Essebsi. En signe d’encouragement aux efforts et aux sacrifices consentis par les Tunisiens, la Fondation Nobel a décerné au Quartet composé de l’UGTT (centrale syndicale), de l’UTICA (centrale patronale), du Conseil de l’Ordre des avocats et de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, le prix Nobel de la Paix pour son rôle joué dans le processus de démocratisation », rappelle la même source.
« Mais la « guerre » n’est pas encore gagnée. Si aujourd’hui la Tunisie est montrée comme le modèle de réussite du Printemps arabe, il reste qu’elle doit se prémunir pour ancrer définitivement le processus démocratique qui demeure fragile pour au moins deux raisons. La première est le terrorisme qui a déjà frappé en 2015 par trois attentats majeurs revendiqués par le groupe extrémiste Etat islamique (EI). La seconde est l’incapacité, pour le moment, de l’économie tunisienne à relancer la machine. Au niveau national, le taux de chômage dépasse 15% et atteint même 32% chez les jeunes diplômés.
Autant dire que cinq ans après, le climat social en Tunisie est aujourd’hui mis à rude épreuve. Mais il est attendu d’elle qu’elle résiste pour que ceux qui croient encore que le Printemps arabe est l’expression d’une prise de conscience des peuples ne perdent pas leurs dernières illusions », conclut Al Moujahid.