L’opposition danoise dénonce une dérive «autoritaire» : depuis plusieurs mois, le Danemark tente de décourager les réfugiés en durcissant les contrôles aux frontières. Dernière trouvaille, le royaume scandinave entend maintenant confisquer bijoux et autres effets de valeur aux migrants pour financer leur accueil. Un projet de loi en ce sens doit être débattu en janvier au Parlement.
Ce projet, rapporte l’AFP, prévoit d’autoriser la fouille des bagages des migrants et de confisquer tout objet de valeur ou argent liquide au-delà de 3.000 couronnes danoises, soit environ 400 euros. Les montres, les bijoux auxquels leurs propriétaires manifestent un attachement particulier comme les alliances, mais aussi les téléphones portables, ne sont toutefois pas concernés.
La mesure a une connotation particulièrement douloureuse en Europe où les nazis ont spolié les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Une pétition en ligne «Non à la confiscation des biens des migrants» a été lancée. Vendredi, elle avait déjà recueilli plus de 6.000 signatures. «Fuir des régimes brutaux et totalitaires témoigne de l’aspiration des hommes à vivre dans une société plus accueillante. Refusons que les demandeurs d’asile soient accueillis dans ce même esprit totalitaire», s’indignent ses auteurs.
Mais pour le gouvernement danois, qui prône une immigration minimale, ces critiques ne sont pas justifiées. A en croire le responsable des questions d’intégration, ce sont les mieux lotis qui prennent le chemin de l’exil, les plus pauvres n’ayant, eux, guère les moyens de payer les passeurs. «Il est inacceptable que les contribuables danois payent pour des demandeurs d’asile dotés d’un patrimoine», plaide-t-il. Le président du Parti populaire danois, la formation populiste qui assure une majorité parlementaire à la droite, juge, lui aussi, «normal que les gens qui viennent ici payent eux-mêmes leurs dépenses s’ils en ont les moyens».
Le Danemark, qui a une politique d’immigration ultra restrictive, a vu arriver plus de 13.000 demandeurs d’asile entre le 1er janvier et le 30 octobre, dont plus du quart au cours du seul mois d’octobre. Mais c’est très peu comparé à la Suède voisine qui en attend plus de dix fois plus cette année: jusqu’à 190.000 réfugiés. En 2014, ce pays scandinave avait accueilli plus de 80.000 réfugiés, un record en Europe avec l’Allemagne, contre 15.000 au Danemark.