Discuter des défis et des opportunités relevés par le journalisme de tourisme, comme vecteur de croissance économique; tel le thème abordé, lors d’un événement récent, avec la journaliste de la BBC Afrique et correspondante basée à Tunis, Sihem Hassaini, qui nous parle de son expérience de journaliste et des difficultés auxquelles font face les journalistes dans leur travail quotidien, lorsqu’ils couvrent des histoires liées au tourisme. Interview :
leconomistemaghrebi.com : Quels sont les obstacles auxquels vous avez dû faire face?
Sihem Hassaini : Concernant la presse internationale, dans mon cas pour la BBC, au cours de mes reportages, j’ai souvent été confrontée au manque d’information, c’est à dire que lorsqu’on a besoin d’obtenir des chiffres, des réponses claires de la part des autorités, en particulier, lorsqu’on doit parler de faille sécuritaire, on n’a pas souvent les réponses. Et donc là, on est obligé de chercher nos informations par nos propres moyens. Cela dit, quand on doit parler avec un responsable d’organisme, on est limité dans le temps. Et si le directeur n’est pas présent, on n’aura certainement pas la possibilité de faire une interview. Il faudrait que les professionnels du tourisme puissent faire des interviews. Cela permettra aux journalistes du secteur d’accéder rapidement à l’information recherchée.
Quelles sont les défaillances que vous avez constatées?
Par rapport aux défaillances, dans la mesure où ce n’est pas seulement dans le secteur touristique qu’on a ce souci, parfois il faut appeler des dizaines de fois le service de presse pour obtenir une réponse. Dans tous les cas, le ministère du Tourisme devrait s’atteler à mettre à jour les sites dédiés au tourisme : les chiffres des entrées, le nombre de touristes algériens qui représentent tout de même une manne pour le tourisme tunisien en crise. Les journalistes devraient pouvoir disposer de moult informations pertinentes sur Internet, sans avoir à passer par les responsables qui sont rarement disponibles ou disposés à fournir les informations demandées.
Comment étaient vos débuts en tant que correspondante de la BBC à Tunis?
Je suis arrivée en 2011. Au début, je n’avais pas rencontré de difficultés avec les professionnels du tourisme, bien au contraire, il n’y avait aucun problème de parler de leur désarroi, des difficultés qu’ils avaient après la révolution. Mais le souci aujourd’hui est que depuis qu’on a eu des attaques terroristes, je sens qu’on a une certaine réticence à se confier aux journalistes. On m’a dit « oui vous êtes là lorsque ça va mal ». Ce serait bien que les professionnels du tourisme sachent aussi que les journalistes ne sont pas seulement là à couvrir des tragédies, et qu’ils aimeraient être invités à des excursions pour découvrir la Tunisie, surtout quand on veut développer aujourd’hui un tourisme vert. Mais c’est le contraire qui se passe.
Avez-vous entendu parler du tourisme gastronomique?
Concrètement, moi-même, je n’ai jamais entendu parler de tourisme gastronomique en Tunisie, alors que le pays est riche de toute sa culture, son patrimoine gastronomique. Si ce n’est seulement au cours d’un reportage sur la vigne en Tunisie, que j’ai découvert par hasard alors que quelques touristes visitaient des vignobles en Tunisie au Cap Bon, et qu’ils pouvaient faire une dégustation de vin. Cela dit, je ne sais même pas si les journalistes savent que les touristes viennent par exemple pour déguster du vin dans le pays.