Las ! A l’issue d’interminables mois de négociations, où le ton est monté entre les deux Unions patronale et syndicale – conjointement nobélisées – un accord initié par le Chef du Gouvernement devrait pouvoir finalement voir le jour. Khalil Ghariani, membre du BE de l’Utica, a déclaré que «l’augmentation salariale proposée par le Chef du Gouvernement et qui a été acceptée par l’Utica, est une reconduction de l’augmentation des salaires de 2014 ». Serait-ce alors la fin de ces tergiversations ?
Auquel cas cet accord enverrait un bon signal pour aborder une nouvelle année en plaçant les balises de la paix sociale, ô combien nécessaire ! Nous avons payé ces dernières années un lourd tribut en termes de fermetures, de départs d’entreprises et de pertes d’emplois. En cause les mouvements sociaux et l’instabilité politique. Certains parlent même de 40 000 emplois perdus sur les quatre dernières années. Une vraie hécatombe.
Contre mauvaise fortune, faisons bon coeur. Accrochons-nous à l’espoir que cette bonne nouvelle ne vient pas en trompe-l’oeil et qu’il y aura plus d’embauches et d’entreprises créées. Pour dissiper cet amer constat car à quelques différences sectorielles près, les PME et les TPE sont au régime sec. Préserver l’activité est d’ores et déjà un défi, un challenge de tous les jours, quand bien même augmenter les salaires pour mieux partager la richesse créée est l’honneur de toute entreprise citoyenne. C’est même indispensable pour celles qui se veulent pérennes. Les managers en sont conscients, et plus particulièrement ceux qui sont les plus sensibles aux techniques managériales modernes.
L’ennui est qu’il faut créer la richesse pour la distribuer. La tâche est encore plus rude quand on détient des records en matière de faible productivité, notamment dans le secteur public. C’est peut-être ce hiatus qui est à l’origine du mal et c’est ce à quoi nous devons remédier chacun de son côté : politiques, société civile, médias et enseignement, parce que la valeur travail s’inculque et s’apprend.
La vérité est que l’entreprise et le salarié sont censés se comporter comme des acteurs économiques rationnels comparant forcément, chacun de son côté, le salaire payé et la productivité effective. Les revendications salariales ne peuvent faire fi de cet aspect. Certes, le pouvoir d’achat du Tunisien en a pris un coup avec une inflation avoisinant les 4.6%, mais il n’en reste pas moins qu’augmenter sans discernement tous les salariés et ne pas indexer la rémunération sur le rendement, comme cela se fait dans les structures managériales modernes, met à mal les PME mais aussi l’Etat, le plus gros employeur. Plus alarmant encore, cette démarche ne garantit pas de quoi demain sera fait et met en péril l’avenir. De ce fait, un accord qui satisfait les exigences à court terme aux dépens du moyen terme ne sera pas à même de dissiper les tensions sociales et de ranimer l’investissement. Wided Bouchamoui l’a résumé de belle manière lors des Journées de l’entreprise organisées par l’IACE– sur le thème : « La deuxième République et l’entreprise 2.0 »- : « Il n’y a pas, dit-elle, d’entreprise sans travailleurs et pas de travail sans patron. Nous sommes condamnés à vivre ensemble ! »
D’ailleurs, en matière d’investissements et de création de richesses, l’année 2015 a-t-elle tenu ses promesses ? L’année qui avait commencé sous de beaux auspices avec la naissance de la deuxième République et la formation du premier gouvernement issu de la majorité, nous a fait rêver d’un monde meilleur. Fâcheusement, elle a vite été rattrapée par les problèmes sécuritaires et accablée par des tensions sociales, un leadership politique hésitant, et tout proche de nous dans le temps, la scission vraisemblable du premier parti au pouvoir.
Les lueurs d’espoir se sont progressivement éteintes pour laisser place à la méfiance et à la peur de l’inconnu. L’investissement physique et financier en porte les séquelles. Dans ce numéro du Manager de fin d’année, d’éminents professionnels décortiqueront cette année boursière. Néanmoins, en dépit de cette morosité de l’activité économique, plusieurs acteurs du secteur privé, de l’administration et de la société civile s’emploient à créer une dynamique entrepreneuriale, à stimuler l’innovation et à mettre en avant l’entrepreneuriat social. Nous avons dressé une sorte d’esquisse des initiatives des principaux acteurs. Pour nos chers lecteurs, nous n’avons pas manqué de sonder Hassen Zargouni pour nous révéler les secteurs d’avenir et les facteurs clés de réussite en entrepreneuriat. On en a également la démonstration qu’impossible n’est pas Tunisien à travers l’histoire de Nebgha Salem, président de Vectorys et de la Fédération du transport, un self-made champion qui nous fait part de sa vision et des problèmes de son secteur. Bien évidemment, pour ce dernier numéro de l’année, nous ne pouvons omettre de vous suggérer des astuces pour bien démarrer la nouvelle année.
Excellente année 2016.