Devant les difficultés économiques que connaît la Tunisie, notamment depuis la révolution, soutenir un secteur aussi important de l’économie telle que la microfinance, sans coût pour le budget de l’Etat, revêt une importance particulière dans la lutte contre la pauvreté et la création d’emplois. La société anonyme de micro-finance, Enda Tamweel, créée par l’ONG Enda inter-arabe, vient d’obtenir son agrément du ministère des Finances. Objectif : développer davantage ses activités de microfinance et contribuer à l’inclusion financière d’environ un million de micro-entrepreneurs tunisiens d’ici 2020.
L’adoption de la loi sur la microfinance en 2011 a permis à Enda Tamweel de relever le plafond de ses prêts jusqu’à 20 000 dinars, répondant aux besoins grandissants de ses clients les plus fidèles qui ont vu leurs projets se développer au fil des années, grâce à l’accès au crédit et à l’accompagnement rapproché.
Pour ce faire, Enda Tamweel fera appel à des actionnaires internationaux et nationaux pour augmenter son capital et accéder à plus de ressources. Enda inter-arabe restera l’actionnaire principal et veillera à la sauvegarde de la mission sociale et la culture institutionnelle de la société et assurera l’accompagnement, notamment des femmes et des jeunes micro-entrepreneurs. Jusque-là, Enda se refinancait auprès d’une dizaine de banques locales et d’une dizaine d’institutions internationales.
« Un nombre croissant de micro-entrepreneurs sont avec nous depuis plusieurs années et, avec notre appui, ont vu leurs micro-entreprises grandir, ainsi que leurs besoins en financement. Enda se doit aujourd’hui de les servir par des prêts plus importants, ainsi que par d’autres produits financiers tels que la micro-assurance, les transferts et le paiement par mobile« , a déclaré Michael Cracknell, cofondateur de Enda.
En plus des micro-prêts destinés aux activités génératrices de revenus, Enda Tamweel va pouvoir servir également les petites entreprises urbaines et rurales ainsi que les « start-ups » lancées par des jeunes contribuant ainsi à la création d’emplois par et pour les jeunes.
« Par notre produit Bidaya, lancé à la fin de 2011, nous avons aidé 6 000 jeunes de 18 à 35 ans à créer leur propre emploi à travers une micro-entreprise et ces jeunes, à leur tour, ont recruté 3 500 autres jeunes créant ainsi de nouveaux emplois », selon Slah Kooli, président de Enda.
La plupart de ces start-ups attendent avec impatience l’accès à des prêts plus importants pour pouvoir développer leurs entreprises et sortir de la précarité.
Aux côtés de Enda Tamweel, l’ONG Enda inter-arabe continuera d’offrir des services non financiers: des formations pour améliorer les capacités entrepreneuriales et managériales des micro-entrepreneurs, l’appui à la commercialisation, notamment pour les artisans et les producteurs agricoles, des conseils et de l’accompagnement à la création d’entreprise ainsi que l’éducation financière et citoyenne. Deux institutions seront ainsi dédiées à l’inclusion financière, et l’émancipation économique et sociale de centaines de milliers de Tunisiens, exclus jusque-là du système financier classique.
En Tunisie, le marché de la micro-finance, selon les dernières estimations, compte 1,5 million de mirco-entrepreneurs. En 21 ans, et partant d’un don de 20 000 dollars, Enda a octroyé deux millions de micro-crédits, d’une valeur cumulative de 1,9 milliard de dinars, à environ 600 000 Tunisiens exclus du système financier, dont 70% de femmes et 35% de jeunes (moins de 35 ans). Enda aurait ainsi un impact sur l’amélioration des conditions de vie d’environ un million de Tunisiens parmi les plus défavorisés.
Aujourd’hui, Enda sert 270 000 porteurs de projets, avec un encours (la valeur des prêts entre les mains de ces micro-entrepreneurs) d’environ 300 millions de dinars. Elle opère à partir de 78 agences sur tout le territoire tunisien, 42% en zones rurales et emploie 1 300 Tunisiens, surtout des jeunes diplômés.
Durant ses 26 ans d’exercice en Tunisie, Enda inter-arabe a reçu plusieurs distinctions nationales et internationales reconnaissant son rôle pionnier dans la microfinance et le développement en Tunisie et dans la région arabe. Elle est régulièrement notée par les agences de notation internationales spécialisées en microfinance et est la première institution de microfinance à recevoir la certification pour la protection des clients délivrée par la smart campaign[1]. Enda n’a cessé de contribuer aux débats sur l’inclusion financière en Tunisie, mais aussi dans le monde et notamment dans la région arabe. En 2002, elle a contribué à la création du réseau de la microfinance pour le monde arabe, Sanabel.
[1] La Smart Campaign est une campagne mondiale visant à inscrire des pratiques de protection des clients dans la culture institutionnelle et les opérations de l’industrie de la microfinance.