Cinq ans après la révolution tunisienne, quel état des lieux pour l’enseignement en Tunisie ? La question est légitime à plus d’un titre : d’abord la Tunisie est un pays qui a misé sur l’éducation et l’enseignement depuis l’indépendance, le vent de la révolution doit souffler sur les établissements d’enseignement et le fait qu’aucune université tunisienne ne figure dans le classement de Shanghai des 500 meilleures universités dans le monde nous laisse perplexe.
Qu’aucune université tunisienne ne figure dans les classements connus est un cri d’alarme par rapport au positionnement des établissements universitaires tunisiens dans le monde et par rapport à leur valeur ajoutée et à la qualité de leurs diplômes. Quant à la qualité du diplômé de l’enseignement supérieur, ce n’est pas toujours un acquis majeur et pour cause l’inadéquation entre le programme universitaire et les réels besoins du marché de l’emploi. A cet effet, les chefs d’entreprise pointent du doigt l’existence d’un grand décalage entre les besoins de l’entreprise en compétences et les connaissances théoriques du diplômé.
Le problème principal qui se pose au niveau des universitaires est l’adéquation entre les besoins réels du marché du travail et le programme universitaire
Le doyen de la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, Habib Kazdaghli braque la lumière sur les problèmes de l’enseignement universitaire en Tunisie.
Pour lui, le problème principal des universitaires est l’adéquation entre les besoins réels du marché du travail et les programmes universitaires : « C’est le grand défi que nous devons relever. Le problème existait déjà en 2011 et il était déjà endémique. Entre 60 et 70 mille diplômés arrivent chaque année sur le marché de l’emploi, mais on n’arrive pas à les embaucher », regrette-t-il.
Le doyen fait remarquer la méconnaissance de l’université des vrais besoins du marché du travail. Par contre et à titre d’exemple, on se demande si la Tunisie a vraiment besoin de 10 ou 9 départements d’allemand dans les universités, tout en appelant à la rationalisation et à la diversification : « Comment identifier les besoins de demain ? Tel est le vrai défi des universités tunisiennes. Il faut se préparer pour cela au niveau de l’enseignement secondaire et universitaire », ajoute-t-il.
La carte universitaire est aussi un autre problème qui se pose pour notre interlocuteur. Pour lui, l’université doit être ouverte aux spécificités régionales, il faut étudier l’emplacement des universités pour qu’elles puissent rayonner dans les régions et répondre à leurs besoins spécifiques», affirme-t-il.
Pour notre interlocuteur, si le pays en 2012 et 2013 avait d’autres priorités, en 2015 il ne devrait être plus permis de reporter les réformes : « Après la transition démocratique, il faut réussir le développement social et sachez que la transition démocratique restera en danger si ces problèmes ne seront pas résolus », conclut-il.