La Tunisie, qui a réussi sa transition politique, a besoin d’une transition économique dans tous les secteurs. Toutefois, sur le plan économique, on assiste à des hauts et des bas. A ce propos, tout le monde parle de problèmes, mais personne ne propose de résolutions concrètes.
Certains disent qu’il faut un nouveau modèle de développement, d’autres essayent de mettre en œuvre des politiques à court et moyen terme, sans garantie de continuité de ces politiques.
Aussi, est-il nécessaire de repenser le rôle de l’ Etat. L’Etat intervient-il ou non dans l’économie, le social ? C’ est le vrai problème, car si on peut identifier le rôle de l’ Etat, on identifiera en même temps la politique économique. Ainsi, il nous semble que la situation de la Tunisie réclame une forme d’ Etat qui se dote de larges compétences réglementaires, économiques et sociales, en vue d’assurer des fonctions sociales au bénéfice de ses citoyens. Cela veut dire un Etat qui intervient dans la redistribution des richesses – sans être un Etat socialiste – un Etat providence donc.
La Tunisie a suivi auparavant un système économique mixte ou néolibéral au sens économique du terme, ayant un double aspect de libéralisme économique et d’interventionnisme étatique. De même, la notion de solidarité sociale et économique était un discours politique plutôt qu’une réalité. Il n’y avait pas vraiment un programme social bien défini.
Une autre vision de l’Etat est primordiale
D’abord, la Tunisie a besoin d’un Etat qui redistribue réellement les richesses, après le déséquilibre de l’avant-révolution. De même, la Tunisie doit faire appel à une nouvelle génération de cadres administratifs et sécuritaires. L’ Etat doit intervenir dans la formation de ces cadres pour les décennies qui viennent, tout en prenant en considération que la formation d’un expert dans un domaine ne dépasse pas cinq ans.
Ensuite, la Tunisie a besoin d’un Etat providence pour la reconstitution de l’ Etat lui-même. Les grèves, la peur du futur, le pessimisme individuel et collectif sont tous les défis auxquels l’Etat doit faire face de manière ferme, avec une politique d’égalité, une politique qui reconnaisse au Tunisien sa citoyenneté et que l’ Etat est au service de peuple. Cette politique peut se faire à travers l’organisation de manifestations cultuelles et scientifiques de sensibilisation, la concentration sur les secteurs publics névralgiques comme le transport, la santé, l’éducation et surtout l’environnement. Bref, il faut rétablir la confiance entre l’ Etat et les citoyens.
Les grèves, la peur du futur, le pessimisme individuel et collectif sont les défis auxquels l’Etat doit faire face de manière ferme
De plus, la Tunisie doit reconstituer les institutions de l’ Etat. La réforme de l’administration, de la sécurité nationale est primordiale. Une réforme des lois et des règlements et non pas une simple augmentation des salaires. Il faut reconnaitre à tous les Tunisiens le droit de gagner leur vie et mettre l’Etat au service de tout un chacun, selon ses besoins et contraintes.
On a besoin de valoriser l’idée de l’innovation. Cela passe par une informatisation généralisée et une indemnisation des agents au chômage. L’Etat tunisien doit avoir un système de veille stratégique efficace dans tous les domaines. Il faut avoir une vision stratégique qui se base sur plusieurs éléments comme :
- Le PPP dans le domaine de la recherche scientifique, et ce, par la mise à disposition des pôles technologiques au service de la recherche scientifique des sociétés privées et étatiques;
- L’assainissement et la privatisation des entreprises publiques défaillantes ou la reconstruction des ces entreprises sur la base de la compétitivité avec le secteur privé;
- Le développement des fonds propres des entreprises et des administrations du secteur public par la mise en place d’un système conditionné de consultation et des travaux au profit des particuliers;
- Le développement de la recherche et de la défense;
- La réforme de la gestion des personnels vers la création des agences et la mise en place d’un nouveau système facultatif pour les anciens fonctionnaires et obligatoires pour les nouveaux qui se base sur des CDI avec possibilité d’évolution, sans restrictions d’ancienneté;
- La réforme des budgets publics, à travers la mise en œuvre des budgets-cadres portant les politiques publiques et les missions avec lettres de cadrage pour les autorités publiques chargées d’exécution;
- L’ouverture du pays sur l’investissement de haute valeur ajoutée sans restrictions réglementaires, en mettant des dispositions spécifiques à ce titre;
- La valorisation du rôle des établissements d’enseignement dans l’éducation et le développement des valeurs humaines dans la formation des élèves;
- La mise à niveau des établissements d’enseignement au niveau des équipements et des structures d’appui;
- La création d’un prix international dans les différents domaines scientifiques pour permettre à la Tunisie d’être un capital scientifique d’ici 2025;
- L’augmentation du budget du ministère de la Culture et la révision de son rôle au niveau national et international, vers la création des centres culturels tunisiens à l’étranger. La culture au service du tourisme.
- La valorisation du rôle de la famille dans l’éducation des enfants, en mettant en œuvre une réforme au service des parents qui travaillent et qui ont des enfants à charge, etc.