Samir Taïeb, le secrétaire général du parti El Massar, commente le dernier remaniement ministériel du gouvernement Habib Essid, affirmant qu’il s’agit d’un non-événement.
« On aurait pu faire l’économie de ce remaniement. Mais il s’est avéré que cette répartition a été faite d’une façon partisane plutôt qu’autre chose. Nous aurions souhaité qu’il soit précédé d’une vision, d’un programme sur lequel on discute, sur des projets, des réformes, etc. Au lieu de cela, on entend depuis plusieurs semaines, par-ici, par-là, que tel ministre sera écarté, que tel autre conserve ses fonctions, ou encore que tel parti voudrait se séparer de l’un de ses ministres pour des raisons qu’on ignore encore. Cependant, les attentes des Tunisiens sont autres. Elles sont économiques et sécuritaires … », a-t-il dit.
Le secrétaire général du parti El Massar considère que « même si nous avons exprimé certaines réserves quant au gouvernement Essid, il ne devrait pas y avoir, dans cette nouvelle mouture, des changements qui n’ont aucun sens, à commencer par la nomination de Mahmoud Ben Romdhane, ancien ministre des Transports qui reçoit le ministère des Affaires sociales. Le comble est l’éviction du ministre des Affaires religieuses, qui représente une victoire pour Ennahdha, mais aussi pour les imams qui ont prêché un discours très sectaire à son égard ».
« C’est Ennahdha qui tire les ficelles. Et même si les nouveaux ministres de l’Intérieur et de la Justice ne se réclament pas de ce mouvement, ils ne lui feront jamais du mal, notamment par rapport à l’ouverture de certains dossiers. Par ailleurs, la société civile va devoir s’inquiéter et redoubler de vigilance », continue-t-il.
Evoquant le départ de certains ministres, M. Taïeb pense que ce remaniement a été fait au Palais de Carthage et non à la Kasbah, comme cela devait se passer. Pour lui, Ennahdha a hérité un ministère stratégique, le ministère de l’Energie et des Mines. « Nous craignons davantage de camouflage de certains dossiers, mais aussi de silence. Nous voulons également connaître les raisons du départ du ministre de l’Intérieur, M. Gharsalli », s’est interrogé M. Taïeb.
Et d’ajouter que : « Ce remaniement ne marquera pas l’histoire de la Tunisie. Nous avions plutôt préconisé un congrès national de lutte contre le terrorisme impliquant la société civile. Et à partir de ce congrès, nous aurions sorti des propositions sur la composition du gouvernement et ses prochains chantiers ».
« On attend de voir ce qui se passera à l’ARP. Certes, il n’y aura pas une large assise pour soutenir ce gouvernement. Les députés de Nidaa Tounes sont de plus en plus divisés. Ennahdha nous adresse un double discours. La situation politique est très fragilisée, car selon l’article 144 du règlement intérieur de l’ARP, les députés devront voter la confiance ministre par ministre, lors de leur investiture », a-t-il précisé.
En définitive, ce dernier remaniement ne semble pas faire l’unanimité auprès des hommes politiques.
Notons que 14 postes de secrétaires d’Etat viennent d’être supprimés et que deux nouveaux ministères ont été créés – le ministère des Affaires locales et le ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption -, lors de ce dernier remaniement.