Malgré une décision gouvernementale relative à sa fermeture en 2008, la Société industrielle d’acide phosphorique ( SIAP ) n’a pas été fermée. Une marche citoyenne se tiendra demain 14 janvier à Sfax, pour revendiquer la fermeture.
La manifestation qui se déroulera demain, 14 janvier 2016, pour revendiquer la fermeture de la SIAP, s’insère dans la continuité d’autres actions menées par la société civile à Sfax, indique Hacem Kamoun, porte-parole du collectif environnement et développement régional de la ville de Sfax et coordinateur de la marche citoyenne. « Nous avons une vision pour la ville que nous défendons, pour le développement de la région qui a beaucoup souffert de la dégradation de la qualité de vie », explique-t-il.
Le problème principal est la désorganisation urbaine, d’après notre interlocuteur : « La SIAP s’étale sur une superficie de 120 hectares, mais elle confisque un littoral de 18 kilomètres, soit une superficie de plus de 5000 hectares. Notons que les trois cités limitrophes de la SIAP comptent quelque 250 mille habitants, sur une conception écologique qui ne respecte pas les normes environnementales, raison pour laquelle la société civile est en train d’exercer une pression pour l’application de la décision prise en 2008 par le ministère de l’environnement ».
« Ce qui est grave c’est que le groupe chimique tunisien essaie de détourner la décision de 2008 et essaie de promouvoir une nouvelle vision qui se base sur une industrie non polluante », avance-t-il. Car, d’après Hacem Kammoun, le problème n’est pas l’industrie polluante ou non-polluante, le problème consiste à améliorer la qualité de la vie et à insérer Sfax dans une vision de 21ème siècle.
Et de rappeler qu’avant que la fermeture de la SIAP ne constitue la revendication de la société civile de Sfax, il s’agissait d’un ordre donné par le ministère de l’environnement en 2008, suite à une étude commanditée par le ministère et réalisée par COMETE Engineering. En effet cette étude a bel et bien montré les effets néfastes de l’usine sur la santé des habitants de la ville et a estimé le coût de la dégradation de la situation environnementale à 683MD. « Actuellement, en 2016, nous estimons le coût de la dégradation à 1000MD », dit-il.
Le collectif indique qu’il faut que l’Etat assume toute sa responsabilité envers les ouvriers de l’usine, afin d’assurer leur intégration dans le circuit économique, après la fermeture de l’usine.
En ce qui concerne la marche du 14 janvier, notre interlocuteur a indiqué qu’il a agréablement été surpris de la forte mobilisation, suite à l’appel à la manifestation. D’ailleurs, des jeunes de plusieurs partis politiques de l’opposition et de la coalition gouvernementale vont y participer, sans bannière politique.