Cinq ans après la révolution, depuis le 14 janvier 2011, la politique tunisienne est traversée par de nombreux bouleversements.
Dans une interview accordée à la chaîne El Watanya 1, dans la soirée du vendredi 15 janvier, le chef du mouvement d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, est revenu sur le paysage politique tunisien, cinq ans après la révolution.
Pour lui, la révolution est comme une sorte de séisme qui a entraîné la chute du régime de Ben Ali, mais aussi du RCD.
Il a déclaré : « Au départ, lors des élections, on comptait 200 partis politiques, ce qui, à mon sens, est logique. Et puis l’étau s’est resserré et voilà qu’on arrive aujourd’hui à un paysage politique pluraliste ».
Evoquant la crise que traverse Nidaa Tounes, il a indiqué que ce n’était pas une surprise. « Il faut comprendre que le parti a été créé dans l’effervescence de la révolution, il y a deux ans de cela. Mais à son arrivée au pouvoir, les choses ont changé, parce les différends qui existaient en son sein sont remontés à la surface ».
Et de poursuivre : « D’ici quelques années, on aura un paysage politique stable, qui regroupera toutes les entités politiques, de l’extrême gauche, en passant par le centre libéral, vers l’extrême droite. Et c’est ce qui se fait dans tous les pays démocratiques comme la France, l’Angleterre, ou encore les Etats-Unis. Cela dit, Ennahdha ne veut en aucun se positionner pour être le parti unique, ce n’est pas dans son intérêt de tirer profit de la situation. Il faut ajouter qu’Ennahdha ne veut surtout pas être le parti qui ramène tout à lui. Le mouvement a besoin d’adversaires pour maintenir un équilibre politique« .
Abordant sa rencontre avec le Président de la République Béji Caïd Essebsi, le chef du mouvement a affirmé sa solidarité avec le président, mais aussi avec le parti Nidaa Tounes, « bien que ce rapprochement ait été vu d’un mauvais œil, aussi bien par certains militants de Nidaa Tounes que d’Ennahdha », a-t-il ajouté.
Sur le sujet des élections municipales, il a répondu que le mouvement n’a pas encore déterminé une stratégie claire, mais tout laisse entendre que son souhait s’oriente vers la formation d’un front électoral pour se présenter aux élections municipales.
A propos du remaniement ministériel, il a déclaré que « nous avons soutenu le gouvernement Essid, parce qu’il est temps qu’on se mette au travail et qu’on fournisse plus d’efforts, car la culture du travail est absente aujourd’hui. Il faut se rappeler que la Tunisie ne dispose pas de ressources naturelles comme le pétrole, le gaz, etc… Elle ne peut donc s’appuyer que sur ses ressources humaines. Le jeu politique demande un consensus, et c’est autour de ce dernier qu’on arrivera au final à cette maturité dans le paysage politique « ,a-t-il conclu.