D’aucuns défendent la singularité unique de l’environnement et la géophysique de la Méditerranée. Trois grands indicateurs caractérisent la spécificité de cet espace méditerranéen : l’originalité de son climat et de sa végétation, la valeur de sa biodiversité et de ses paysages, mais aussi la fragilité de ses territoires face aux contraintes naturelles (sécheresse, érosion, salinisation).
Cet équilibre délicat tend à être rompu par l’augmentation et l’accélération de phénomènes liés à l’activité humaine :
- augmentation de la démographie ( la population vivant sur le pourtour méditerranéen est de près de 150 millions de personnes et a crû d’environ 17 % par rapport à l’an 2000 ;
- le nombre de villes de plus de 10 000 habitants a pratiquement doublé en cinquante ans ) ;
- du tourisme (le bassin méditerranéen draine un tiers des flux de touristes dans le monde), de l’aquaculture et de la pollution.
[raside number= »3″ tag= »pollution »]
Cette nouvelle donne menace les écosystèmes déjà en danger de cette mer semi-fermée, qui représente moins de 1 % de l’océan mondial, mais qui abrite entre 4 % et 18 % des espèces marines connues. Cette situation se caractérise par la juxtaposition et le cumul d’activités dans cet espace restreint, comme le transport maritime, la pêche, l’exploration minière, l’implantation d’éoliennes ou la protection de cétacés.
Le Fonds mondial pour la nature ( World Wide Fund, WWF ) vient de souligner, dans une étude intitulée « MedTrends » publiée le 19 janvier dernier, l’absence de planification de l’espace ou de stratégie globale. L’urgence est d’autant plus forte que la Méditerranée figure parmi les « hot-spots » du changement climatique : les effets attendus y sont particulièrement importants et les impacts environnementaux et socio-économiques risquent d’y être très forts.
Mer quasi fermée (l’accès vital des eaux de l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar – 13 km de large qui sépare le Maroc de l’Espagne – permet à la Méditerranée de ne pas s’assécher), elle se caractérise par son étroitesse et par la contigüité de ses rives (avec 800 km de largeur maximale entre le fond du Golfe de Gênes et la Tunisie), lesquelles qualités confortent l’unicité d’un pourtour méditerranéen confronté à un processus accentué de littoralisation et d’urbanisation (même si ce phénomène demeure différencié sur les plans quantitatif et qualitatif, entre les pays des rives Nord, Sud et Est) posant des problèmes de pollution.
[raside number= »3″ tag= »méditerranée « ]
Au regard de l’histoire, la Méditerranée a déjà connu une mutation de sa géophysique. De nombreux changements de relief et de contours ont modifié son visage. Sa géologie est le produit de la tectonique des plaques (choc de la plaque africaine avec la plaque européenne dans le bassin oriental) et manifeste une intense activité sismique et volcanique (concentrée sur la rive nord, en particulier la péninsule italienne, la Grèce et la Turquie). La mer Méditerranée est partiellement entourée de chaînes de montagnes : les Pyrénées, les Alpes, les Apennins et les Abruzzes, les Balkans, le Taurus, le mont Liban et l’Atlas marocain.
Quand la mer ne borde pas leur piémont (le « pied du mont »), le relief prend la forme d’étroites plaines littorales, voire celle du désert (qui s’étend de l’est de la Tunisie au pied du Liban). Or le changement/réchauffement climatique signifie notamment le développement de ces zones désertiques. Avec une augmentation des températures et une baisse des précipitations au printemps et en été, la région méditerranéenne est particulièrement touchée par le changement climatique. Malheureusement, la Tunisie n’échappe pas à ces mutations, au contraire.
Le pays et sa population subissent déjà l’impact de cette nouvelle donne…