Les Etats-Unis d’Amérique sont devenus le principal producteur mondial de pétrole , devançant l’Arabie saoudite, en fournissant environ 13 % de la production mondiale. Certes, la surproduction de l’or noir et la baisse des prix qui en découle représentent un coup fatal pour l’économie de beaucoup de pays producteurs ; paradoxalement, elles avantagent les Etats-Unis d’Amérique, dont l’économie est demeurée très énergivore.
Cela augmente la compétitivité des entreprises américaines; le prix de revient du gaz de schiste consommé par ses entreprises est moins cher que le pétrole acheté au prix international et acheminé sur de longues distances aux entreprises européennes, notamment.
La politique étrangère américaine profite de la baisse du prix du pétrole
Commençons par la Russie. Cet état-continent dont la montée foudroyante en puissance est une menace pour ses voisins européens et même pour les Etats-Unis d’Amérique. Plus de la moitié du budget de la Russie est financée par ses exportations de gaz et de pétrole en direction de l’Europe. Cette dépendance énergétique fait en sorte que l’Union Européenne est divisée quant à la sévérité des sanctions à adopter pour limiter l’expansionnisme russe.
La chute des revenus dont dispose Moscou, associée à la fuite des capitaux provoquée par les sanctions financières imposées à la Russie, atteignent le même but que si les pays européens avaient pu se payer le luxe de boycotter les hydrocarbures russes dont ils dépendent.
Le Venezuela, depuis l’accession au pouvoir d’Hugo Chávez, constitue le grain de sable dans le soulier des Américains. Les Etats-Unis ont bien tenté de déstabiliser son gouvernement, mais en vain. Les mesures sociales introduites par Chávez ont contribué efficacement à hausser le cours du prix du pétrole. Au prix actuel, de l’ordre de 27 USD, le Venezuela sera en sérieuses difficultés financières dans moins de deux ans, ce qui réduira d’autant son influence régionale.
L’enjeu politique, économique et sécuritaire
Produire un baril de pétrole coûte environ 10$ à l’Arabie Saoudite. Si la baisse du cours du baril lui est défavorable, il a un effet encore plus dramatique pour ses ennemis, au premier rang desquels se trouve l’Iran.
L’Iran et l’Arabie saoudite sont en guerre. Il ne s’agit pas d’un conflit armé, mais d’une guerre religieuse et d’une lutte impitoyable en vue de la suprématie régionale. D’une certaine mesure, on peut comparer ce conflit à celui qui a opposé l’Angleterre à la France pendant des siècles.
Le coût de revient d’un baril de pétrole est bas en Iran, comme il l’est partout au Moyen-Orient. Mais en refusant de diminuer sa production, afin de favoriser l’augmentation des prix, l’Arabie saoudite pratique une politique de terre brulée destinée à affamer le régime iranien.
En effet, l’Arabie saoudite possède des réserves financières colossales qui lui permettent de traverser des décennies de privation, ce qui n’est pas le cas de l’Iran, déjà affaibli par les sanctions économiques internationales.
L’alternative
Pour les compagnies productrices de pétrole de schiste et de celui extrait des sables bitumineux, la baisse du prix du pétrole compromet la rentabilité de certains investissements et dissuade la mise en production de nouveaux gisements en Russie et en Chine.
En soutenant la baisse des prix, l’Arabie Saoudite met hors d’état de nuire ses concurrents économiques les plus vulnérables et renforce la dépendance de ses clients à son propre pétrole et l’influence mondiale qui en découle.
Les Saoudiens savent très bien que le règne du pétrole est condamné et par conséquent, ils ont intérêt à en profiter sans relâche, quel qu’en soit le prix.
La conséquence de toute reprise de l’économie réelle, c’est que la demande mondiale de pétrole repartira à la hausse. Mais d’ici là, la chute des prix sert les intérêts géopolitiques des pays occidentaux et des pétromonarchies.
« le prix de revient du gaz de schiste consommé par ses entreprises est moins cher que le pétrole acheté au prix international et acheminé sur de longues distances aux entreprises européennes, notamment. »
Oui mais les producteurs américains de gaz de schiste, obligés de vendre moins cher, sont en grande difficulté.